Nous allons maintenant nous intéresser aux parents de ma grand-mère Alice GÉANT qui a épousé Henry ARNOUL en 1917.
Je vous propose dans cet article, après un large extrait de "Réminiscences", le récit de l'enquête que j’ai menée pour trouver
l’histoire des ascendants d’André GÉANT, mon arrière-grand-père, qui a
épousé Henriette HOUEL à Paris VI° en 1895.
La famille GÉANT
André GÉANT (1865-1952) |
André GÉANT (Sosa 18)
André GÉANT, père d’Alice ma grand-mère, était courtier d’assurance à l’Union (qui est devenue par la suite UAP). Le couple habitait la "Villa des Chataigners", avenue de Mocsouris à Saint-Rémy les Chevreuse avant d'acheter en 1933 la "Villa Irène" au 8 Boulevard Georges Seneuze à Bures-sur-Yvette pour accueillir leur fille Alice et ses cinq enfants qui s'étaient réfugiés chez eux en 1928, mais ça, c’est une autre histoire...
Arbre généalogique de la famille GÉANT selon Réminiscences |
On verra que les GÉANT étaient installés en Normandie avant 1833, mais pas précisément à Dieppe.
Voici ce que nous en dit ma tante Jacqueline CERTES-ARNOUL, dans Réminiscences :
"Notre grand-père, André GÉANT, second enfant de sa famille avait quatre sœurs : Marie, Jeanne, Louise et Clotilde qui entrèrent au couvent sauf Louise qui aurait aimé se marier, mais resta célibataire faute de dot et de relations.
La famille Eugène GÉANT, ses 4 enfants et Marie MILLET |
"Leurs parents Eugène GÉANT et Marie MILLET, cette dernière originaire de Provins comme les ARNOUL qu'elle avait peut-être connus, habitaient rue d'Assas et menaient une vie des plus austères, je dirais presque monacale, toute faite d'études et de prières. Notre arrière-grand-père aurait aimé que tous ses enfants soient prêtres ou religieuses. La seule distraction du dimanche après le repas, pris parfois chez les grands-parents, était une visite à une église chaque fois différente où l'on allait entendre les vêpres. Ils allaient au retour faire un tour au jardin du Luxembourg où ils avaient une chance de retrouver les cousins maternels : les PAULY, les FERNIQUE ou les CHEVALIER.
"Je n'ai aucun renseignement sur les grands-parents GÉANT, sinon qu'ils eurent, outre notre aïeul Eugène, deux autres fils avec lesquels ils n'avaient aucune relation. (On verra plus loin que j’ai trouvé ces informations)
"Marie MILLET était la cousine germaine de Caroline CHOISELAT, épouse d'Adolphe CERTES. Caroline et Adolphe étaient les grands-parents de Mme HUA née Madeleine CERTES, c'est de là que vient notre cousinage avec la famille HUA. Nous avons un dossier ou plutôt quelques lettres de Caroline réunies par mon beau père, celles-ci nous font apparaître la pureté et la bonté de cette femme si éprouvée par la perte de deux enfants sur quatre en des temps troublés par les révolutions de 1830 et de 1848.
"Les GÉANT étaient parisiens de longue date : " Paris, mon village natal », disait tante Clotilde.
Grand-père avait cinq ans pendant le siège de Paris en 1870. Il se souvenait des queues interminables aux boutiques d'alimentation. Un jour, sa mère avait obtenu, avec protection, car il y avait cinq enfants à nourrir, une terrine de pâté truffé. Ce fut grande réjouissance à la maison, mais, oh surprise ! les truffes qui étaient à l'époque beaucoup moins rares que de nos jours, n'étaient que des rondelles de drap noir. Quant au pâté, il ne fallait pas se demander de quoi il était fait, tout ce que les Parisiens auraient refusé de manger passait en pâté : chevaux, chiens, chats et rats. Le siège de Paris dura quatre mois du 4 septembre 1870 au 28 janvier 1871 et la disette était de plus en plus grande. Les fruits et les légumes arrivaient clandestinement de la campagne toute proche, mais ces produits étaient rares et fort chers, réservés par priorité aux enfants et aux malades, ces derniers souvent jugés incurables par leur famille moururent de faim. Les enterrements faisaient partie de la vie quotidienne.
"Le grand-père Joseph (Eugène) mourut en 1870 (en fait, il est décédé à 83 ans en 1917) et notre grand-tante Louise GÉANT naquit le 1er janvier (en fait le 12) de cette année mémorable.
La Commune fut plus terrible encore, du 18 mars 1871, après le départ des Allemands de la capitale et la signature de l'Armistice, au 29 mai 1871. Les batailles avaient lieu dans les rues, partout des barricades abritaient des tireurs. On évalue à deux cent trente-huit le nombre de maisons ou monuments incendiés ou démolis. On imagine la terreur de nos pauvres parisiens qui, déjà déprimés par les vicissitudes toutes proches encore, n'osaient plus sortir de chez eux. On ne trouvait d'ailleurs plus de ravitaillement. Beaucoup de personnes avaient quitté la capitale. Je ne sais pas si nos arrière-grands-parents étaient du nombre. Les GÉANT vivaient chichement depuis toujours. Eugène, à l'exemple des moines avait-il fait vœu de pauvreté ?
"Je n’arrive pas à savoir s’il faut l’appeler Joseph, qui est son premier prénom à l’état civil, ou Eugène qui est son troisième prénom. Probablement se faisait-il appeler Eugène, ce qui expliquerait qu’on trouve les deux prénoms dans les récits.
"Il ne recherchait pas une situation lucrative, mais voulait être tout au service de l'Église. Il était trésorier de l'œuvre de la Propagation de la Foi et membre du Tiers Ordre de Saint François, ce n'était pas l'esprit de Saint François qui lui aurait donné des goûts de luxe. C'était un saint homme, il faut en convenir, mais avec une famille à nourrir, il faut avoir les pieds sur terre. Peut-être s'était-il contenté jusque là de vivre sur un petit capital dont lui ou sa femme avait hérité, mais il vint un jour où l'argent du ménage manqua pour l'essentiel.
"Eugène essaya plusieurs emplois sans succès, puis se sentant avec quelle erreur, une âme de commerçant, fit un emprunt et ouvrit une boutique de vannerie. (Grand père a gardé longtemps un lot de corbeilles et de petites boîtes en bois de cèdre faites par son père.) Eugène accumula les dettes et fut rapidement obligé de vendre son fonds. Ce fut la catastrophe ! La famille GÉANT, complètement démunie, criblée de dettes, dut connaître des heures tragiques.
"Il n'était pas de bon ton, avant 1914, que les jeunes filles travaillent, elles faisaient leur trousseau, brodant à longueur de journée. Il y avait bien des malheureuses qui donnaient des leçons de piano, mais par économie Marie, Jeanne, Louise et Clotilde n'avaient pas fait d'études musicales. Seul André (notre grand-père) alors âgé de seize ans, renonçant à la carrière d'architecte qui le tentait, sauva l'honneur de sa famille et entra comme commis aux écritures à la compagnie d'assurances L'Union où il fit une carrière très honorable grâce à son sérieux et à ses connaissances déjà étendues à son entrée dans la maison.
"André avait appris le latin en même temps que le français. Il connaissait très bien l'anglais et avait de bonnes notions d'italien et d'espagnol. Chez les GÉANT, l'étude avait été la seule distraction et les enfants étaient studieux. Grand-père nous disait qu'à l'époque où il avait commencé à travailler, on faisait la journée continue pour éviter les allées et venues : déjeuner à neuf heures, souper à cinq heures et coucher à neuf heures, précepte qui datait d'Henri IV et est encore en vigueur dans certaines de nos campagnes. Grand-père paya toutes les dettes de son père et, à trente ans enfin libéré, put envisager de fonder un foyer.
"Tante Marie et tante Jeanne, à cause de leur culture, furent admises sans dot au couvent des dames du SACRÉ COEUR, tandis que tante Clotilde, plus indisciplinée (elle était la benjamine) ne put y rester. Ne raconte-t-on pas qu'un jour, elle monta en chaire et commença un sermon devant ses compagnes scandalisées. Enfin assagie, elle entra chez les oblates de Saint François de Salle, ordre enseignant sis 25, rue Oudinot, où elle fut professeur pendant cinquante ans.
"Tante Marie (mère GÉANT) était paradoxalement très petite. Elle avait débuté sa vie religieuse à Conflans, puis Chambéry, Amiens, East Dene et Paris au 31, boulevard des Invalides (actuel lycée Duruy) où ma grand-mère Henriette HOUEL était grande pensionnaire, c'est à dire jeune fille perfectionnant son instruction en attendant le mariage. Tante Marie et sa communauté pensaient que cette jeune fille à peu près abandonnée des siens ferait une bonne épouse pour son frère André.
"C’est ainsi qu’André GÉANT connu sa future femme Henriette HOUEL, qui avait perdu sa mère lorsqu'elle avait sept ans.
Recherches sur les ancêtres GÉANT
Joseph Louis Eugène GÉANT (Sosa 36)
Eugène GÉANT (1833-1917) |
Les travaux de mes tantes Jacqueline et Simone avaient permis d’identifier les parents de Joseph Louis Eugène GÉANT, qui étaient nommés André GÉANT et Jeanne Louise LEFLOT, sans autre précision. La tradition familiale disait qu’ils étaient normands, probablement selon le lieu de naissance d’Eugène, au lieu-dit « les Cent-Acres » en Seine-Inférieure. Je n’ai évidemment pas pu trouver leur acte de mariage à Paris dans les années 1860, du fait de la destruction des archives de la ville par la Commune.
Carte de la Seine Inférieure en 1839 (entouré en rouge, les Cent-Acres) |
En faisant un peu de classement dans les différents documents papier de mes dossiers généalogiques, je suis tombé un jour sur des documents originaux concernant la famille Millet que m’avait confiés il y a quelques années ma tante Geneviève ARNOUL. Dans ce dossier, il y avait en particulier un exemplaire du contrat de mariage entre Joseph Louis Eugène GÉANT, employé au ministère des Finances, et Marie Ambroisine MILLET, rédigé par un notaire avec une très belle écriture cursive et daté du 19 septembre 1861. J’ai alors parcouru ce document jusqu’au bout dans le détail. On y voit cités les parents des 2 futurs mariés, soit :
- Joseph Louis Eugène GÉANT, fils majeur de André GÉANT décédé, et de Jeanne Louise LEFLOT, sa veuve, demeurant à Montigny, commune des Cent-Acres, en Seine inférieure.
- Marie Ambroisine MILLET, fille majeure de Joseph Hubert Alexis MILLET, teneur de livres, et de madame Louise BARRAT son épouse.
Contrat de mariage GÉANT- LEFLOC |
Ceci nous confirme ce qu’avaient trouvé mes tantes, probablement dans le même document.
En continuant la lecture, dans l’article 2 concernant les apports financiers des deux époux, on lit alinéa 5) « les droits non liquidés dans les successions de M. Joseph Géant et de madame Gabrielle Dubosque son épouse, ses aïeux paternels, dont il est héritier pour un sixième ».
Aïeux paternels d'André GÉANT |
État civil reconstitué de la ville de Paris |
Nous avons dans cet alinéa les noms des grands parents GÉANT, informations que nous n’avions pas sur l’état civil reconstitué de la ville de Paris de 1824…
On notera l’orthographe du nom LEFLOC et non LEFLOT, comme sur le contrat de mariage, comme quoi, il ne faut pas trop se fier à l’orthographe des noms propres. LEFLOC est l'évolution d'un nom breton, LE FLOC'H, (signifiant l'Écuyer, le Page) qui a perdu son 'H.
Publication des bans à Domrémy-en-Ornois |
Heureusement, en faisant quelques recherches sur GENEANET sur ce couple, j’ai déniché un lien sur les archives de la Haute-Marne, et la publication des bans dans le village de Domrémy-en-Ornois pour un mariage prévu à Paris entre André GÉANT et Jeanne Louise LEFLOC. On y apprend qu’à son mariage à Paris avec Jeanne Louise LEFLOC en 1824, André GÉANT était cocher de Monseigneur le Chancelier de France, au Palais du Luxembourg. On y apprend aussi les noms des parents des futurs mariés :
- André était le fils de Joseph GÉANT, tisserand à Domrémy en Ornois et de Gabrielle DUBOSQUE, son épouse. En faisant des recherches dans les archives de la Haute-Marne, on découvre qu’André est l’aîné de 6 enfants tous nés à Domrémy en Ornois entre 1800 et 1810, que son père Joseph s’est marié en 1799 avec Gabrielle DUBOSQUE à Domrémy-en-Ornois, et que son grand-père Bazile est aussi né dans le même village vers 1760. La famille GÉANT est donc originaire de Haute-Marne, et non de Normandie.
- Jeanne Louise LEFLOC son épouse était la fille de Guillaume LEFLOC et de Jeanne DREAN. Elle était "femme de charge" (gouvernante) à la date de son mariage et demeurait au 21 rue de Vaugirard (XI°) comme son futur époux. Ses parents se sont mariés à Guérande, paroisse de Saint Aubin, et cinq enfants du couple sont nés à Guérande de 1786 à 1794. En revanche, je n’ai pas trouvé trace de la naissance de Jeanne Louise à Guérande de 1795 à 1810. Les parents avaient probablement déménagé à Paris VI° après 1794, selon le lieu de son mariage avec André.
En recherchant dans les archives de la ville de Paris sur les années 1824 et suivantes, on trouve une première naissance d’un fils de André GÉANT et Jeanne Louise LEFLOC, nommé Pierre Alexis Gilbert GÉANT, le 5 novembre 1828 à Paris VI°, puis plus rien dans les tables décennales sur Paris VI°.
Par contre, les recherches dans les archives de la Seine maritime sur la commune des Cent-Acres on trouve la naissance de Joseph Louis Eugène GÉANT, né le 6 mars 1833, fils de André GÉANT, attaché au service de M. Dambray, et de Jeanne Louise LEFLOC, attachée de même au service de M. Dambray. On apprend aussi que Jeanne Louise, alors veuve, était domiciliée à "Montigny, commune des Cent-Actes" lors du mariage de son fils.
Quand on regarde un peu la géographie des lieux sur Google Maps, on découvre qu’il y a une propriété, le château de Montigny-les-Cent-Acres, susceptible de nécessiter de la part du propriétaire du personnel tel qu’un cocher et une gouvernante.
Dans Wikipedia, on trouve aussi qui était propriétaire de ce château sur la période qui nous intéresse :
"Le château de Montigny les Cent-Acres, construit principalement au XVIIe siècle sur des assises plus anciennes, avec des modifications aux XVIIIe et XIXe siècles. La seigneurie de Montigny appartenait depuis le début du XVIIe siècle à la famille Dambray, qui tint de nombreuses charges au Parlement de Normandie. Le château fut notamment la propriété du chancelier Dambray, mort à Montigny en 1829, puis de son fils, Emmanuel, vicomte de Dambray, pair de France, mort sans postérité à Montigny en 1868. Après la mort de sa veuve, Louise Caroline Deshayes de Cry, à Montigny en 1870, il fut vendu à la famille Le Gras du Luart, qui le conserva jusqu'au milieu des années 1950. Le château et ses dépendances font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 30 décembre 1988."
De ces différentes informations, on peut en déduire que le couple André GÉANT et Jeanne Louise LEFLOC, après avoir travaillé à Paris, lui comme cocher, et elle comme « femme de charge », ont été engagés tous les deux au début des années 1830 par le vicomte Emmanuel DAMBRAY. C'est ainsi qu’ils ont vécu en Normandie, et que naquit leur fils Joseph Louis Eugène GÉANT. Son mari étant décédé, Jeanne est rentrée prendre sa retraite à Paris dans le VI° arrondissement où son fils s’est marié avec Marie Ambroisine MILLET en 1861.
Acte de naissance de Joseph Louis Eugène GÉANT, le 6 mars 1833 |
Les actes de mariage des parents permettent de remonter encore d’une génération.
- Joseph GÉANT (Sosa 144) tisserand à Domrémy-en-Ornois, fils de Bazile GEANT (Sosa 288) et de Marie QUIT (Sosa 289) née à Doulaincout-Saucourt.
- avec Gabrielle DUBOSQUE (Sosa 145), fille de Claude DUBOSQUE (Sosa 290) et Élisabeth MOUGEOT (Sosa 291)
- Guillaume LEFLOC (Sosa 146), fils de René LEFLOC (Sosa 292) et de Suzanne RIO (Sosa 293),
- avec Marie Jeanne DREAN (Sosa 147), fille de Louis DREAN et de Marie HALLIER.
Arbre ascendant circulaire de Joseph GÉANT sur 4 générations |
Dans les actes de mariage, on a les noms et souvent l’âge des parents, ce qui permet de connaître approximativement leur année de naissance, ou parfois la mention « décédé » d’un ou des parents. Si la famille est stable géographiquement, on peut alors se référer aux tables alphabétiques, décennales ou annuelles, pour trouver les actes de naissance des enfants, de mariages ou de décès, et ainsi de suite...
Henriette HOUEL épouse GÉANT (1872-1943) |
Dans un prochain article, je vous parlerai de la famille HOUEL et des ascendants de Henriette HOUEL, épouse d'André GÉANT.
Il faudra aussi que j'aborde plus tard l'histoire de la famille MILLET et de l'épouse de Joseph Louis Eugène GÉANT.
Il faudra aussi que j'aborde plus tard l'histoire de la famille MILLET et de l'épouse de Joseph Louis Eugène GÉANT.
À suivre...
Plus on avance sur les Houel, plus on s'approche des Antilles... c'est carrément génial !
RépondreSupprimerQuand la famille IDOUX a décidé de vivre aux Antilles... et qu'elle découvrit la terre de ces ancêtres 😉
J'ai beau avoir beaucoup de Houel dans mes données, je n'ai pas réussi à trouver de lien formel avec le Charles Houel de Guadeloupe. Cela pourra tout de même faire l'objet d'un article.
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