Mes publications sur Généanet m'ont permis d'établir le contact avec une descendante de Jules EHRÉ qui m'a apporté de nouvelles informations sur cette famille, ainsi que des témoignages directs de son père et de sa grand-mère. Son père a constitué son arbre généalogique et elle possède également des photos de famille que je ne connaissais pas. Ces photos sont souvent annotées au verso avec des informations utiles et quelques unes sont même signées André Alibert, mon grand-père.
Cet article vient en complément des mes articles 14 et 29 sur la famille EHRÉ, avec de nouvelles données et photos concernant les trois frères de ma grand-mère Jeanne Lucie EHRÉ, dite Marie, et leurs familles.
Fratrie de Jeanne Lucie EHRÉ dite Marie
Le couple Mathias EHRE et Catherine LEMOINE marié le 23 décembre 1878 à Pont-à-Mousson a eu quatre enfants : trois frères Aloïse, Jules, et Auguste, nés respectivement en 1880, 1882 et 1886, et une fille née sur le tard en 1898.
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Fratrie de Jeanne Lucie EHRÉ dite Marie |
Sur cet arbre issu de ma base Généatique, j'ai ajouté les nouveaux portraits qui manquaient dans les fiches.
1 - Aloïse EHRÉ (1880-1914)
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Portrait d'Aloïse EHRE (Tirage André ALIBERT)
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J'ai ainsi récupéré un très beau portrait signé
André ALIBERT de l'aîné
Aloïse. Ce portrait a forcément été réalisé avant-guerre, ce qui est étonnant, car
André ALIBERT n'a rencontré la famille de sa future femme qu'alors qu'il était cantonné au Fond des Quatre Vaux à
Pont-à-Mousson en 1915-16. Il s'agit donc probablement d'un retirage ou d'une reproduction réalisée après la guerre alors qu'il était installé comme
photographe au Bourget.
Au dos de cette photo, on peut lire la mention manuscrite "Éloïse Ehré, tué en 1914, frère de Jules, Auguste et Marie". On notera la faute d'orthographe sur le prénom Aloïse qui est pour le moins inhabituel, et le fait que la petite sœur, ma grand-mère, était bien surnommée Marie.
Aloïse EHRÉ, né le
21 avril 1880 à Pont-à-Mousson était ouvrier à la fonderie de Pont-à-Mousson. Il s'est marié le 26 mai 1906 avec
Eugénie Antoinette Virginie FREYMANN, elle-même veuve de Charles Émile CHÈVRE avec qui elle a eu une première fille Thérèse, née en 1901 à Pont-à-Mousson.
Le couple
Aloïse et
Eugénie a eu ensuite une fille prénommée
Yvonne, née le 11 janvier 1908 à Pont-à-Mousson. Elle tenait à Pont-à-Mousson une boutique d'Herboristerie - Droguerie dont je n'avais pas réussi à identifier l'objet sur la photo présentée dans mon
article n°29, car on n'y voyait pas l'enseigne.
Yvonne a quitté son commerce
d’herboristerie pour prendre le voile chez les
Carmélites dans un couvent du sud de la France. Elle ne s’est donc jamais mariée
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La boutique d'Yvonne Ehré à Pont-à-Mousson (avec l'enseigne Herboristerie - Droguerie)
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Sur cette photo, elle est accompagnée sur la droite de sa mère
Eugénie FREYMANN. La femme en chapeau sur la gauche pourrait être
Thérèse CHÈVRE sa demi-sœur aînée.
Aloïse a été mobilisé le 1er août 1914 lors de la Mobilisation générale, et nommé Caporal le 29 août. Il a été frappé mortellement à son poste de combat le 18 septembre 1914 à Rembercourt-Aux-Pots. Son livret militaire est aux Archives départementales de la Moselle à la Cote : NUM/2R195. Il a été décoré de la Croix de Guerre étoile bronze, et déclaré Mort pour la France.
Une fiche lui est consacrée sur le site
Memorial Geneweb auquel j'ai contribué en fournissant sa photo.
Eugénie FREYMANN se remaria après la guerre avec Gaston PREMEAU que l'on voit à sa droite sur cette photo prise en 1935 par André ALIBERT.
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Photo André ALIBERT
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Debout au second plan, on a donc "Marie" EHRÉ épouse ALIBERT, le couple Eugénie FREYMANN et son 3e mari Gaston PREMEAU. Au premier plan assises : Andrée et Janine ALIBERT, et Yvonne EHRÉ leur cousine.
2 - Jules Firmin EHRÉ (1882-1939)
Jules Firmin EHRÉ le cadet est né le 2 septembre 1882 à Atton, près de Pont-à-Mousson. Il s'est marié le 31 janvier 1903 à Pont-à-Mousson avec Marie MULLER, fille de Frédéric MULLER et de Marie EBENER.
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Mariage de Marie MULLER et Jules EHRE en 1903
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Le couple Jules et Marie tenait un café épicerie au 38 rue du Pont (rue du maréchal
Joffre aujourd'hui) à Pont-à-Mousson. L'arrière du café donnait sur la
place du Paradis et formait "les vieilles maisons sur le pont" que l'on voit sur la photo suivante prise avant-guerre.
Les maisons étaient construites en bois sur une première
arche du pont à Pont-à-Mousson. Elles ont été entièrement détruites lorsque les
Français ont fait sauter une arche le 4 septembre 1916 pour stopper les troupes
allemandes.
Le couple a eu deux enfants :
Roger né en 1903 et
Jeanne Lucie née en 1908, tous deux à Pont-à-Mousson.
Mobilisé comme son frère le 2 août 1914 lors de la mobilisation générale, il est affecté lui aussi dans le 26e Bataillon de Chasseurs à Pied. Le 5 juillet 1915, il est blessé par balle au pied droit et évacué vers un hôpital provisoire à Verdun où il a dû être amputé de la jambe droite à la suite de cette blessure.
Cela lui vaut d'être mie en retraite et pensionné de guerre selon une décision du 22 mai 1916, comme on peut l'apprendre sur son livret militaire.
Du fait de la mobilisation de Jules, leur fils Roger a été placé chez des enseignants à Alger, sur avis gouvernemental dans le cadre de la protection des garçonnets en temps de
guerre. En 1916, alors qu'il allait être rapatrié, il est malheureusement décédé à Alger de fièvre
typhoïde, 36 heures avant son retour en France. Il n'avait que 12 ans.
Marie de son côté, pendant la
mobilisation de son mari, a dû tenir seule la boutique. Le café était dépositaire exclusif de
la marque Au Planteur de Caïffa. Elle s'est aussi dévouée à laver les capotes des poilus à la lessiveuse dans la cour, à élever seule sa fille, et même à faire quelques démonstrations de machine à coudre Singer. Elle a gardé un très mauvais souvenir de l’irruption un jour dans le café des Uhlans « casques à pointes du kaiser » sur leurs chevaux.
Marie MULLER-EHRÉ est décédée de la tuberculose en 1925, n'ayant jamais vraiment surmonté moralement le décès de son fils Roger, et l’amputation de la jambe de son mari.
Sur la photo suivante, on voit Jules Firmin EHRÉ vers 1918 devant l'épicerie qu'il tenait après la guerre, à Dieulouard près de Nancy, le café de Pont-à-Mousson ayant été détruit. On le voit avec sa jambe de bois accompagné de sa fille Jeanne-Lucie, et de sa femme Marie MULLER.
La sœur de Marie, Jeanne MULLER, célibataire, vivait avec le couple, comme on le voit sur un recensement de 1926 à Dieulouard.
Dans son livret militaire, on apprend qu'il "tolérait difficilement son appareillage, en raison de la mauvaise qualité de la cicatrice terminale s'ulcérant assez fréquemment"
Après le décès de sa femme Marie MULLER survenu en 1925, Jules a épousé Élina BERTARD, elle-même veuve d'un M. Moulin-Neuf, avec laquelle est avait eu un fils.
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Jules EHRE et Elina BERTARD (Photo André ALIBERT)
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Sa fille Jeanne Lucie déjà traumatisée par les événements vécus pendant la guerre alors qu'elle n'était qu'une enfant a eu du mal à supporter le remariage de Jules avec Élina Bertard. Leur déménagement au Kremlin-Bicêtre dans les années 20 a achevé de la couper de ses racines.
Elle rencontra tout de même Constant Léon GENIN avec qui elle se maria le 26 avril 1930 au Kremlin-Bicêtre. Le couple eut 2 enfants : Roland et Nicole GENIN.
Jules Firmin EHRÉ est décédé le 28 mai 1939 à Clichy-la-Garenne. Sa tombe et celle d'Élina BERTARD décédée en 1954, se trouvent au cimetière du Kremlin-Bicêtre, non loin de la tombe familiale GENIN.
3 - Auguste EHRE (1886-1952)
Auguste ERHÉ est né le 20 avril 1886 à Atton, où ses parents habitaient alors au 30 rue de Loisy.
Le 14 janvier 1914, il épouse à Longuyon Jeanne Maria BARTELMES née à Longuyon le 23 février 1888, fille d'Anatole et de Marguerite Mélanie BECHET. Elle était femme de ménage à la quincaillerie Léquy. Elle est décédée à Pont-à-Mousson le 7 juillet 1973.
Auguste a eu plus de chance que ses frères en sortant indemne de la guerre de 1914-18. Incorporé en 1904 au 39e régiment d'artillerie jusqu'en 1909 pour son service militaire, à la suite duquel il est passé dans la réserve. En 1913, il est affecté à l'administration des postes à Dieulouard, comme facteur. En août 1914, il est mobilisé et affecté au 29e régiment d'artilleurs.
Au
lendemain de la guerre, il est réintégré par affectation spéciale dans l'administration des postes à Dieulouard jusqu'en 1927, après quoi a fait une carrière comme
facteur taux P.T.T. À partir de 1929 le couple habite au 60 rue Pasteur à Pont-à-Mousson.
Le couple a eu 2 enfants : Renée née le 17 juin 1920 à Dieulouard et Jean René né le 15 septembre 1924 à Pont-à-Mousson.
Jean René a fait une carrière de militaire. Il a participé à la campagne d’Indochine, et est décédé d'un cancer en 1973.
Sa sœur Renée est devenue religieuse hospitalière. C'était une
femme formidable, toujours soucieuse du bien-être de sa famille. Elle est
décédée il y a quelques années à la maison de retraite de Gérardmer.
Sur cette photo prise par André ALIBERT vers 1936, on voit Auguste en tenue de facteur, accompagné de son épouse Jeanne Maria BARTHELMES et de leurs enfants Jean René et Renée.
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La famille d'Auguste EHRÉ en tenue de facteur (Photo André ALIBERT)
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4 - Jeanne Lucie EHRÉ dite "Marie" (1898-1975)
La petite dernière, Jeanne Lucie est née à Pont-à-Mousson le 5 septembre 1898. Elle n'avait que 8 ans de plus que sa nièce Jeanne Lucie, fille de Jules EHRÉ. Cette homonymie peut expliquer le fait qu'elle ait été surnommée Marie comme l'attestent plusieurs correspondances, ainsi que ma propre expérience. En effet, les familles se fréquentaient régulièrement comme l'attestent de nombreuses photos.
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Jeanne Lucie EHRE, dite Marie (Photo André ALIBERT)
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Marie épousa le 12 juillet 1916 à Pont-à-Mousson André ALIBERT qui était alors cantonné comme infirmier au Fond des 4 vaux.
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La famille GENIN en visite à Loisy-en-Brie |
A propos des relations de cousinage entre les famille GENIN et ALIBERT : sur cette photo prise par André ALIBERT à Loisy-en-Brie en 1937, on voit de gauche à droite Marie EHRE, Roland GENIN assis sur le capot, Andrée et Janine ALIBERT, Jeanne-Lucie EHRE avec son mari Constant GENIN, et leur chienne Kitta.
Remerciements
Je tiens à remercier particulièrement Nancy FAGES-GENIN pour m'avoir transmis ces informations qui m'ont permis notamment de mettre un visage sur Aloïse EHRE, et aussi de compléter l'arbre des descendants de Mathias EHRE et Catherine LEMOINE avec la branche des enfants de Jules Firmin EHRE et de Marie MULLER. Leur fille Jeanne Lucie, grand-mère de Nancy, née en 1908 et décédée en 2009 à plus de 101 ans, a pu lui transmettre ainsi qu'à son père Roland un témoignage direct sur l'histoire de sa famille.
Jean-Paul ARNOUL-ALIBERT
Novembre 2020
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Terrible cette grande guerre. Et Jules devait encore s'estimer heureux, les blessures au pied et aux mains étaient souvent suspectées de blessures volontaires et on fusillait sans trop de discernement.
RépondreSupprimerun très beau tableau de famille.Bravo
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