vendredi 19 juillet 2019

6 - Famille ARNOUL : Maîtres de poste aux chevaux (1/3)

Descendance de Jean ARNOUL

L’histoire de la famille Arnoul nous est connue par le texte de l’écrivain Justin BELLANGER, dont la mère Luce Eugénie ARNOUL était la fille aînée de Louis ARNOUL notre ancêtre direct. Ce récit a été complété par ma tante Jacqueline ARNOUL épouse CERTES dans les premiers chapitres de son ouvrage Réminiscences (ISBN : 2 7444 0271 0), dont je me suis inspiré à mon tour dans ces articles. 

La numérotation utilisée dans cet article, est une variante de la numérotation d’Aboville, relative aux descendants d’une personne, ici Jean ARNOUL, Sosa 128. La lettre A correspond à son premier mariage, et la lettre B à son second mariage. Ses enfants sont ensuite numérotés de B-1 à B-15 selon leur rang de naissance, et ses petits-enfants ici en B-2.1 à B-2.4, et ainsi de suite. Pour plus de détails, voir l'article que j'ai déjà publié au sujet de cette numérotation.

Les maîtres de poste aux chevaux

Les postes aux chevaux étaient des maillons essentiels des transports publics à l’époque du cheval, mais aussi, et surtout du système d’information des suzerains. Ce système s’est considérablement développé de 1700 à 1850, et notamment sous l’influence de Louis XV.

Le bon fonctionnement du service passait par l’obéissance à la règle, et la soumission au contrôle de la part des maîtres de poste, garantie par l’octroi de faveurs de la part du suzerain. Les candidats devaient être riches afin de pouvoir supporter les pertes éventuelles, et être d’une bonne moralité pour pouvoir être investis du droit de tenir une poste.  La continuité du service exigeait une certaine stabilité professionnelle, et l’état encourageait la conservation des brevets à l’intérieur des familles. 

C’est ainsi que Jean ARNOUL, maître de poste aux chevaux à Provins est devenu très riche, et ses enfants héritèrent de sa fortune, par une stratégie d’alliance qui a permis à sa famille de faire main-basse sur de nombreuses postes aux chevaux. L’exemple des Arnoul, maîtres de poste de Provins, est édifiant à cet égard.

Après sa blessure en 1745 à la bataille de Fontenoy, Jean ARNOUL avait obtenu du Roi Louis XV un brevet de maître de poste, c'est ainsi qu'il put s'installer à la poste de Provins. Il a ensuite contracté à 37 ans en 1753 un premier mariage avec Barbe LEGROS (128-A) qui avait déjà 48 ans, mais qui était  veuve d'Antoine DESLIONS maître de poste de Chailly-en-Bière, ce qui lui permettait de se constituer un patrimoine.

Au décès de Barbe LEGROS en 1759 Jean ARNOUL (Sosa 128) épouse alors en 1760 Luce PERNET (128-B), fille du maître de poste de Provins, Jean PERNET. Il reprend alors en pleine propriété la poste de Provins. Le patrimoine familial comportait alors déjà 2 postes aux chevaux.

Par la suite, de son union avec Luce PERNET, parmi les sept enfants qui survécurent, 3 sont devenus Maîtres de Poste :
•    Nicolas Victor ARNOUL, qui épousa la fille du maître de poste de Chailly-en-Bière en 1793, et conserva le brevet de Provins en prenant la suite de son père. Son fils Victor, bienfaiteur de la ville de PROVINS, prit sa suite au Poste de Provins en 1831.

•    Marie Adélaïde ARNOUL se maria, en 1788, avec François LESTUMIER, maître de la poste de Nangis, qui reçut le brevet de son oncle Thomas LESTUMIER, à l’occasion de cette union. 

•    Étienne ARNOUL qui contracta alliance avec Marie Thérèse THOMASSIN en 1812, obtint le brevet de la poste de Maison Rouge

Voilà donc trois postes contrôlées par la famille ARNOUL à la seconde génération. 

•    Le mariage de deux des filles de Nicolas, Marie Victoire avec Antoine DUVERGER à Étampes en 1820 et Aglaé avec François MORIN à Nogent-sur-Seine en 1826 fera entrer deux autres postes dans le patrimoine postal des Arnoul.
Ce sont ainsi cinq postes aux chevaux qui seront tombées dans le domaine familial en l’espace de trois générations.  Toutefois, cette saga familiale s’arrêtera dans les années 1850 avec le développement du chemin de fer et la création en 1878 du « Réseau de l’état », ancêtre de la SNCF.



Ce livre passionnant dont j’ai repris quelques extraits dans cet article retrace l’histoire de la poste aux chevaux de Louis XI à Napoléon III.

 

Enfants de Jean Arnoul et de Marie Luce Pernet


Jean ARNOUL a donc contracté un premier mariage avec avec Barbe Legros (128-A) qui est décédée à 54 ans en 1759, et qui vu son âge à leur mariage ne put lui donner d'enfants. Elle avait déjà eu 6 enfants de son premier mariage avec Antoine DESLIONS, maître de poste de Chailly-en-Bière.

Après un an de veuvage, Jean Arnoul épouse en 1760, Marie Luce Pernet (128-B), fille du maître de poste de Provins Jean PERNET. De cette union naquirent en fait 15 enfants, dont sept vécurent, et 5 eurent une descendance et dont voici la liste : 

128-B.1 Jean Baptiste Bernard (1761-1838), prêtre, sans postérité
128-B.2 Nicolas Victor (1762-1831), marié à Sophie DESLIONS, sœur d'Antoine, dont postérité
128-B.3 Pierre Edmé (1764-1770), décédé à 6 ans
128-B.4 Charles Théodore (1765-1765), décédé à 7 mois
128-B.5 Louis (1766-1848) Sosa 64, notre ancêtre direct, marié à Marie-Anne BERTRAND, dont postérité,
128-B.6. Marie Sophie (1768-1768) décédée à 3 mois
128-B.7 Marie Adélaïde (1769-1852) qui a épousé Louis LESTUMIER, dont postérité
128-B.8 Alexandre Christophe (1771-1771), décédé à 12 jours
128-B.9 Louise Sophie Luce (1773-1798), qui a épousé Honoré CURÉ
, dont postérité
128-B.10 Auguste Stanislas (1774-1774) décédé à 6 mois
128-B.11 Alexandre Maurice (1775-1775), décédé à 9 mois
128-B.12 Étienne Auguste (1777-1841, marié à Marie-Thérèse THOMASSIN dont postérité,
128-B.13 Étienne Sébastien Victor (1779-1845), violoncelliste, sans postérité
128-B.14 Eugène Hippolyte (1782-1783), décédé à 14 mois
128-B.15 Hippolyte Marie Cœsar (1784-1784, décédé à 12 jours

À cette époque, les bébés des familles riches étaient confiés dès leur naissance à des nourrices, qui étaient souvent des femmes de paysan, pour qu'ils aient un lait bien frais, mais ceci sans aucune hygiène. Seuls les plus vigoureux résistaient à leurs soins. La moitié des enfants mouraient dès leur première année.

Ces maternités successives n'avaient toutefois pas affaibli Marie-Luce qui vécut jusqu’à quatre-vingt-quatorze ans ; encore mourut-elle d'une chute qu'elle fit de son lit dans sa maison de PROVINS : 13, rue aux Aulx, qui existe toujours. Jean et Marie Luce sont tous deux décédés dans leur maison de la rue aux Aulx à PROVINS, Jean en janvier 1806 et Marie Luce en 1833.

Cette maison existe toujours à PROVINS, et une plaque commémorative y indique que l’Impératrice Marie-Louise et l’Aiglon y logèrent les 25 et 26 avril 1814, reçus à cette époque par Nicolas Victor et sa famille qui habitaient la maison à cette époque avec Marie Luce.


Nous verrons d'abord l'histoire de deux des fils de Jean qui ont vécu, mais sans avoir de descendance, ceci d'après les textes de Réminiscence et de Julien Bellanger. Leurs vies comme on le verra ont en effet été très liées.

128-B.1 - Jean Baptiste Bernard ARNOUL

Jean Baptiste Bernard, né en 1761, était désigné dans la famille sous le nom d'oncle aîné ou d'oncle Bernard.
Il entra dans les ordres et débuta comme vicaire à SAINT HILAIRE DE SENS. De là, il passa à MEAUX où il devint l'un des vicaires généraux de l'évêque constitutionnel de Seine-et-Marne THUIN. Il abandonna ensuite l'état ecclésiastique pour un poste administratif dans le LIMBOURG (Belgique) et devint membre, puis président de l'administration centrale du département des Forêts.
Le 18 floréal an VII, il fut élu député au conseil des CINQ CENTS (une lettre de félicitations pour ce poste en fait foi, voir ci-après). 



Il vint alors habiter PARIS avec son plus jeune frère ÉTIENNE dont il assura l'éducation.
Le 24 germinal an VII (1799), un arrêté du premier consul le choisit pour être sous préfet d'HASSELT   département de Meuse inférieure (BELGIQUE).

La chute de l'Empire en 1815 lui fit perdre sa situation. Il aurait pu, pendant son mandat, préparer son avenir, mais il était très désintéressé, c'est ainsi que, ayant acquis un moulin important qu'il avait mis en location, il négligea le montant de ses loyers et perdit aussi la nue-propriété de son bien. Sa famille le lui reprocha, car, de retour à PROVINS il fut, jusqu'à sa mort, à la charge de ses frères. Cependant, il donnait des leçons de musique à leurs enfants, car il était musicien en même temps qu'érudit. Il mourut en octobre 1838.

128-B.13 - Étienne Sébastien Victor ARNOUL

Etienne Sébastien Victor (128-B.13), né en 1779 à PROVINS fut, pour ainsi dire, élevé par son frère Jean Baptiste Bernard qui avait 18 ans de plus que lui.
Lorsque, en 1795, celui-ci fut élu au conseil des CINQ CENTS et résida à PARIS, il fit venir auprès de lui son frère âgé de seize ans.

Étienne montrait des qualités remarquables pour la musique. Bernard se chargea de le diriger et, très lancé dans le monde par son poste de député, put le faire recevoir au Conservatoire de musique, récemment fondé.

Ce Conservatoire qui avait été créé en 1784 par le baron de BRETEUIL sous le nom d'École royale de chant et de déclamation occupait la salle des Menus plaisirs du Roy. Fermé en 1789, il rouvrit en 1793 sous le titre d'Institut national de musique. Réorganisé définitivement en 1795, c'est à cette époque qu'Étienne y acquit son talent de violoniste. Par malheur, l'agitation perpétuelle de la vie politique de son frère l'éloigna trop tôt de Paris et du Conservatoire. Il dut suivre son frère en BELGIQUE et renoncer à son rêve de gloire. Le virtuose fit place au secrétaire général aux côtés de son frère dans les salons de la sous-préfecture de HASSELT.

À la chute de l'Empire en 1815, suivant toujours la fortune de son frère, il tomba comme lui dans la misère et vint s'échouer en qualité de percepteur au CHÂTELET, petite localité des environs de MELUN.

Étienne était alors dans la plénitude de sa jeunesse, doué d'une beauté singulière, de manières charmantes, d'une élégance aristocratique, joignant à ces qualités son talent de virtuose, une facilité étonnante à composer de la musique de chambre et assez d'esprit pour tourner des madrigaux dans le goût du jour. Ce malheureux artiste était fait pour la vie de cour, il ne put résister à cet isolement qui dura de vingt-cinq à trente ans. Privé de tout ce qu'il aimait, il en devint fou. Se croyant au théâtre, dans sa chambre qui était grande, il disposait des chaises sur plusieurs rangs de manière à figurer l'orchestre, disposant devant chacune d'elles un pupitre ou un instrument. Quand tout était prêt, il donnait le signal et jouait successivement du violoncelle, de la flûte, de la basse, du flageolet ou du cornet à pistons, car il possédait tous ces instruments dans sa chambre qui ressemblait à une boutique de luthier. Il jouait avec autant d'aisance et autant de sentiment ses anciens morceaux que s'il jouissait de toutes ses facultés, mais, dès qu'on entrait chez lui, il s'arrêtait net. Il mourut à PROVINS à soixante-six ans

Je vous proposerai dans les articles suivants l'histoire des autres descendants de Jean ARNOUL, qui se sont mariés et eurent des descendants, notamment Nicolas Victor et Louis, notre ancêtre direct.

À suivre article 9 - Famille ARNOUL : Descendance de Jean Arnoul (2/3) 

Jean-Paul Arnoul


2 commentaires:

  1. je pense que je vais imprimer tous tes articles pour en faire un ouvrage à transmettre à mes enfants ! c'est passionnant.

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    1. Merci Laurent de ton enthousiasme. Le but recherché est bien de transmettre toutes ces informations aux générations qui nous suivent, afin qu'elles ne restent pas confinées dans mon ordi.

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