vendredi 5 juillet 2019

4 - Famille LEOTARD : Jules LEOTARD le trapéziste

La famille EMAILLE-LEOTARD

J’ai abordé jusqu’à présent les ascendants Arnoul et Alibert, du nom de mes parents. Afin de compléter la roue d’ascendance de mes fils, je vais raconter maintenant l’histoire des ascendants de ma femme Dominique EMAILLE.

La famille EMAILLE-LEOTARD a une histoire un peu compliquée qu’il a fallu démêler, à partir de différentes sources :
  • Les notes de Michel Emaille-Léotard (1921-1985) qui m’ont été transmises par ma belle-mère Renée PÉAN épouse EMAILLE,
  • Les recherches de Michel Monhoven avec lequel je suis en relations généalogiques, et qui m’a fait remarquer certaines erreurs dans ces notes,
  • Les actes d’état civil des archives des départements concernés,
  • Les informations données dans l’ouvrage de Pierre Lartigues « La course aux trapèzes volants, l’exploit de Jules Léotard », auquel la cousine de Dominique, Michelle LÉOTARD, épouse Pachany a contribué,
  • Un Bulletin municipal de la ville de Toulouse de Février 1936 déniché dans les archives et qui consacre un article très documenté sur l’histoire de Jules Léotard inventeur du trapèze volant (cf.  « Les 2 Léotard, père et fils » pages 109 à 125).
Jean-Marie Jules LÉOTARD, trapéziste

La famille Léotard

La Famille LEOTARD est originaire de l'Ariège, plus précisément de Madière, à dix kilomètres à l'est de Pamiers par la route de Pailhes.

Dans ce petit village haut perché vivait à la fin du XVIIIe siècle Jean, dit « Baron » LÉOTARD (né en 1769, Sosa 192) tisserand, puis aubergiste, et Jeanne BLANDINIERE (1771- 1844, Sosa 193) sa femme, mariés à Madières le 4 juin 1793.

Le 15 Août 1806 leur naquit un fils Jean  (Sosa 96) ; ce dernier devint Professeur à l’École Royale d'Equitation et Régisseur du Gymnase Militaire et Civil de Toulouse, où il vient s'établir en 1836, au 10 rue du Rempart St Etienne (aujourd'hui le 14).

Le 8 Novembre 1837 il épousait Jeanne Marie-Françoise AMBIELET (Sosa 97) née en 1811 à Toulouse, fille majeure de Raymond Laurent Marie AMBIELET (Sosa 194), instituteur, et de Marie Julie Guillaumette REVEL (Sosa 195).

Le 1er Août 1838 leur naquit à Toulouse un fils Jean-Marie, Jules LEOTARD (Sosa 48).


Jules LÉOTARD, le trapéziste

Élève studieux, il passe le 18 Juillet 1855 son examen du Baccalauréat avec succès devant la Faculté des Sciences de Toulouse ; il a alors 17 ans, et commence ses études de Droit.
Élève assidu du Gymnase de son père, Jules LÉOTARD présente le 12 Novembre 1859 sous le Chapiteau du Cirque Napoléon à Paris son numéro de trapèze volant, première réalisation de voltige ; son succès fut sans égal dans les annales acrobatiques et il abandonne la robe d'avocat pour s'adonner au trapèze.


Jules Léotard, le trapéziste,
Numérisation d’une photo originale cartonnée que j’ai eu en main chez ma belle mère,
mais que nous n’avons pas retrouvée dans son appartement à son décès.

C'est pour lui le début d'une carrière éclatante, et il répond à l'appel des plus grands cirques d'Europe. Il part avec son père qui règle le plus généralement les conditions et signe les contrats.
Il se produit à St Pétersbourg, Turin, Kovno, Madrid, Londres, Lisbonne, et partout il connaît un succès délirant.

Le 16 Août 1870, à la veille de la guerre, il meurt à Toulouse, à l'âge de 32 ans, emporté par l'épidémie de variole noire.
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Avant son départ pour un voyage à Berlin en Mars 1860, il fait la connaissance d'Henriette GRUSON (Sosa 49), née à Marchiennes (Nord) en 1832, fille de Jean-Baptiste GRUSON (Sosa 98) filateur de lin, et de Thérèse Julie DUCROCQ (Sosa 99), et de cette union libre naquit en octobre 1860 un fils René. Il fut déclaré par sa mère par un acte enregistré en mairie du 9e arrondissement le 8 avril 1862. Cet acte de reconnaissance est le suivant :

"À comparu Henriette Amélie Joseph GRUSON, propriétaire, âgée de 31 ans, née à Marchiennes Ville (Nord) demeurant à Paris, rue Godot de Mauroi N° 27, célibataire, laquelle nous a déclaré reconnaître pour son fils naturel René Charles, né à Paris le 31 octobre 1860, enregistré le lendemain en la 8e mairie de Paris comme fils de Henriette GRUSON."
Cet enfant mourut à 4 ans en avril 1865 à Saméon (Nord).

Mais entre-temps, deux ans après la naissance de ce premier enfant, elle accoucha à nouveau d'un autre garçon le 6 juillet 1862 à Paris (9e), rue Godot de Mauroi, N° 27. L'enfant fut déclaré par le médecin accoucheur sous le nom de « Gaston Émile Jules GRUSON », fils non reconnu par sa mère Henriette GRUSON et de père inconnu.


Acte de naissance de Gaston Émile Jules GRUSON le 7 juillet 1862

Pour comprendre les liens entre les familles Gruson, Léotard et Emaille, il faut consulter son acte de naissance du 6 juillet 1862 à Paris (9e) qui comporte en marge trois mentions très intéressantes.


Dans une première note en marge du 29 juillet 1865, sa mère le reconnaît trois ans après sa naissance comme son fils "naturel".

La famille ÉMAILLE


Henriette GRUSON se maria trois ans plus tard, le 29 novembre 1866 à Saméon (Nord) avec le dénommé Alexandre ÉMAILLE, marchand de bestiaux. Dans l'acte de mariage, il est indiqué que « Les époux ont reconnu et légitimé un enfant né le 06/07/1862 à Paris IX°, sous le nom de GRUSON Gaston Emile Jules ».



Dans cette seconde note en marge, il est donc reconnu par Alexandre Emaille lors de son mariage d’Henriette le 9 novembre 1866, il prend alors le nom d’EMAILLE. 

L'enfant devient donc Gaston Émile Jules ÉMAILLE, alors qu'Alexandre Émaille n'est visiblement pas le véritable père biologique.

Mais l'histoire n'est pas finie ! En effet, 20 ans plus tard en 1886, alors que Gaston Émile Jules Émaille a déjà 24 ans, il est adopté officiellement par le couple Jean LÉOTARD et Jeanne Marie Françoise AMBIELET. Il devient alors Gaston Jules Émile ÉMAILLE-LÉOTARD.


Dans cette troisième note en marge, on apprend qu’il est adopté par le couple Jean Léotard et Jeanne Marie Ambielet, selon un arrêt du 4 mai 1886

En effet, un arrêt rendu en date du 4 mai 1886 par la cour d'appel de Toulouse, confirme le jugement du Tribunal de Pamiers (Ariège) en date du 12 février dernier, portant qu'il y a lieu à l'adoption de Gaston Émile Jules ÉMAILLE par Jean LÉOTARD et Jeanne Marie Françoise AMBIELET.
Qui sont ces personnes ? Ce sont en fait les parents du trapéziste Jules LEOTARD, lequel d'ailleurs, lors de cette adoption en 1886, est décédé depuis 16 ans !

Par cette adoption, Jean LEOTARD et Françoise AMBIELET reconnaissent implicitement que Gaston Émile Joseph Émile (né GRUSON) était bien l'enfant de leur fils Jules LEOTARD.

Mais l'affaire a encore d'autres ramifications. En effet, le 6 juillet 1862, Henriette GRUSON donnait donc naissance à Gaston, son second enfant, né de père inconnu. Parallèlement, le 28 juillet 1862, soit 3 semaines plus tard, le dénommé Jules LÉOTARD, trapéziste, se mariait à Londres avec une artiste italienne nommée Dominica Serafina BERNINI, dite « Sylvia » de son nom d'artiste. Mariage qui sera plus tard dissous et non pas annulé à la suite d'un procès qui défraya la chronique à Toulouse à l'époque.

On peut donc en déduire qu'Henriette GRUSON, petite ouvrière du nord de la France, et Dominica Serafina BERNINI ont toutes deux croisé le chemin du célèbre trapéziste Jules LEOTARD, mais que ce sont deux personnes différentes, ... et que contrairement à ce qu’a écrit Michel EMAILLE-LEOTARD dans sa notice, Jules LEOTARD ne s'est pas marié à Londres en 1862 avec Henriette GRUSON, mais bien avec Dominica Serafina BERNINI.

Par le mariage d'Henriette GRUSON, sa mère, en 1866 avec Alexandre EMAILLE, Gaston fils naturel de Jules LÉOTARD perd sa filiation de sang. Il est dépossédé de son nom, qu'il ne reprendra, annexé à EMAILLE qu'en 1886, date à laquelle il est adopté par ses grands-parents Léotard.

Gaston EMAILLE-LEOTARD (Sosa 24) épousa en 1879 Marie ROGIER (Sosa 25) et il naquit de leur union en 1880 un premier fils Jules Gaston EMAILLE (Sosa 12) grand-père de Dominique.


Actuellement, les omissions de transcription de l'adoption de 1886 sur les actes postérieurs à cette date, ont eu pour cause la disparition complète du nom LÉOTARD, à l'exception des actes de naissance inscrits aux registres du Vernet d'Ariège par Jean LÉOTARD, Maire de la Commune, de ses arrières petites filles Laetitia et Gabrielle, enregistrées sous le seul nom de LÉOTARD. C'est là une omission volontaire. On le comprend très bien, sans pour cela redonner au nom patronymique une survie. Il eut été préférable de le faire pour les garçons Jules et Paul, mais ils sont nés tous deux à Landas dans le Nord. Les 2 frères ont toutefois fait leurs études à PAMIERS, en Ariège, jusqu’en 1897 sous le nom de LÉOTARD, selon une lettre des enfants à leur père à Toulouse, du 31 Décembre 1895.
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Le fils cadet de Jules, Michel EMAILLE-LEOTARD, né en 1921 à Fontainebleau (S&M), et ayant passé toute son enfance dans la moitié nord de la France, ne devait rencontrer son grand-père Gaston EMAILLE-LEOTARD qu'en juin 1940 à Rocques sur Garonne, destination temporaire après un exode de deux mois. De retour en zone occupée, à Paris en fin 1940, il ne devait rejoindre sa famille qu'en Septembre 1942. L'année suivante sur la fin de sa vie, Gaston partait habiter la maison de sa mère Henriette GRUSON, construite par elle en 1855 à Saméon (Nord). C’est là, le 15 Novembre, neuf mois après son arrivée qu'il devait mourir.

Pourquoi Gaston LEOTARD n'a-t-il pas fait rectifier cet état ? 

La réponse est que dans toute la moitié sud de la France il était connu sous le seul nom de Léotard et n’a fait figurer les deux noms que sur les papiers et les correspondances destinées et adressés dans le Nord.

En Juillet 1943, il confiait à ses petits-fils Jean et Michel son dossier familial pour en assurer la prorogation, non sans lui avoir donné les seuls détails que son âge lui autorisait à distraire.

À cette date Gaston LEOTARD, à l'encontre de son intention première, n'a pas volontairement modifié 63 années de son passé militaire et civil.

Le 25 Septembre 1966, ce dossier a été à nouveau et définitivement ouvert, avec le serment que si Jean LÉOTARD en perdant son fils unique de 32 ans en 1870, perdait son nom après avoir perdu sa fortune et ses biens, il lui serait rendu et transmis par sa descendance en toute justice.
À ce jour le nom de LEOTARD est de nouveau relié à EMAILLE, ce n'est là que la correction des omissions de transcription de l'acte d'adoption de 1886, le stade intermédiaire avant la complète possession de nouveau, du seul nom patronymique LEOTARD.

Dans un article à venir sur cette famille, je vous parlerai du fils de Gaston, Jules EMAILLE et de son épouse Eugénie FAUQUETTE, grands-parents de Dominique, et de leurs descendants.

À suivre...
Jean-Paul Arnoul

Voir ici mon arbre généalogique sur Généanet

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