Gaston Alibert et son fils aîné Raoul
Je reviens maintenant sur la famille Alibert avec un article sur Gaston, le fils aîné d'Adolphe et son fils Raoul.Gaston Alibert
Le fils aîné d’Adolphe, Gaston ALIBERT a épousé Marthe Juliette DELAVALLEE née comme lui en 1888, et dont la mère Alexandrine Amélie ALIBERT était sa cousine, tous descendants du couple Victoire Amélie ALIBERT et François Charles ALIBERT, qui étaient eux-mêmes cousins germains. Dans un arbre généalogique, cette situation crée des liens multiples qu’on appelle des « implexes », soit des ancêtres que l'on retrouve en plusieurs endroits dans la roue d'ascendance, et qui nécessitent un traitement spécifique par les logiciels de Généalogie.
Gaston ALIBERT (°1888 + 1874) |
Nous avons déjà vu cette situation dans la famille Alibert, avec les parents d’Adolphe, François Charles ALIBERT (Sosa 40) et Victoire Amélie ALIBERT (Sosa 41) sa cousine germaine, qui sont aussi tous 2 des ancêtres communs de Gaston et Marthe.
Cousinage de François Charles ALIBERT de Victoire Amélie ALIBERT
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Cousinage de Gaston ALIBERT et de Marthe DELAVALLEE |
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Gaston était poète, mais je pense qu’il devait avoir une autre occupation, car ce n’est pas avec ses vers qu’il pouvait gagnait sa vie. Nous avons des photos signées « G. Alibert, Vichy », et il a donc été photographe. Ses écrits étaient très empreints de l’exotisme de son enfance en Algérie, et son nom de plume était « Ali Bert ». Je me souviens d’un de ses livres, entièrement rédigé en alexandrins, dont il avait offert à mes parents un exemplaire broché, intitulé « Le sloughi », du nom d’une race de lévrier arabe. Son œuvre poétique a fait l’objet d’une étude dans le cadre d’un Master de Lettres Modernes Appliquées à l’université Paris IV. Ce mémoire de thèse dirigée par Monsieur Michel MURAT, a été présentée en juin 2013 par Mélodie QUERCRON. Son titre était « Le néo-classicisme dans la poésie à travers les revues poétiques « La Proue », puis « La Parenthèse », revues que Gaston éditait et qui rassemblaient ses vers ainsi que d’autres œuvres poétiques de l’époque.
Couverture de la revue La Parenthèse
Extrait du mémoire de Mélodie QUERCRON
L’histoire de La Parenthèse commence avec celle de La Proue, revue poétique qui naît en mai-juin 1929 et perdure jusqu’en 1938. Cette revue est, du début à la fin, dirigée par Marcel Chabot et son rédacteur en chef n’est autre qu’Ali-Bert durant les neuf premiers numéros. Le départ de ce dernier est commenté par Marcel Chabot dans l’éditorial du dixième numéro de septembre-octobre 1930 : « Les louis-philippards n’ont pas de place ici ». Ces propos incisifs témoignent d’une divergence d’opinions entre ces deux hommes, divergence que nous retrouvons tant sur le plan politique que poétique. Dans ce contexte, les louis-philippards sont ceux qui soutiennent une monarchie constitutionnelle s’appuyant sur la bourgeoisie. La critique de Marcel Chabot peut dès lors évoquer aux lecteurs « L’Action Française », quotidien royaliste français dirigé de mars 1908 à août 1944 par Charles Maurras . Ce journal fut en partie à l’origine de l’école maurassienne qui inspira le néo-classicisme. Concernant le pendant poétique, La Proue prend à ses débuts l’appellation de « revue des poètes indépendants » pour devenir, après le départ d’Ali-Bert, « revue des poètes libres » puis « revue anthologique de la poésie libre ». Voici à présent sa conception :
La Proue est une tribune libre où nos collaborateurs peuvent, sous leur seule responsabilité, exposer leurs idées, leurs conceptions personnelles sur la Poésie. Les Poètes ne sont pas toujours d’accord sur les formes que doit prendre l’Art Divin pour se révéler, et La Proue est précisément à la recherche de la forme idéale. Il est donc nécessaire que la Poésie se montre sous tous ses visages, que toutes les Idées, même les plus novatrices, soient présentées et confrontées entre elles, car c’est des discussions – courtoises – qui s’ensuivront, que la Lumière infailliblement jaillira… Et cela sans que la chaude fraternité qui doit unir notre Grande Famille spirituelle en soit en rien diminuée (Marcel Chabot, La Proue, n°1, mai-juin 1929, p.2.).
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Je me souviens qu'il s’était mis dans la tête de construire une roue à mouvement perpétuel, dans laquelle des billes se déplaçaient dans des rayons en bois. La forme des rayons était conçue de telle sorte que les billes se rapprochent de l’axe de rotation lors de la montée et s’en éloignent à la descente. C’était une très belle pièce de menuiserie, mais ça n’a évidemment jamais fonctionné, en vertu du premier principe de la thermodynamique.
Il avait acheté à la fin des années 1940 le château de Saint-Germain-du-Salembre en Dordogne pour en faire sa résidence, qu’il avait dû revendre par la suite, n’ayant plus les moyens pour l’entretenir. Quand je les ai connus, l’oncle Gaston et la tante Marthe vivaient dans une maison de ville très modeste à Mormant, en Seine et Marne, à 12 kilomètres de Nangis. Gaston est décédé à l’âge de 86 ans, le jeudi 19 septembre 1974 à Concarneau, où habitait Camille son fils cadet.
Château de Saint-Germain-du-Salembre, Dorgogne
Raoul Louis ALIBERT
Raoul ALIBERT fils aîné de Gaston était aussi assez fantasque, car il se présentait comme Chevalier-poète. Il se faisait appeler Alibert de la Vallée en accolant à son nom celui de sa mère. Il faisait également des vers, et avait fondé un ordre de chevalerie « La Croix de Gueules » (signifie « rouge » en héraldique). À ce titre, il avait intronisé toute la famille ; par exemple, Maman était pour lui la « gente Dame Janine » et Papa, le « Chevalier Bernard ». Il avait toutefois un métier, la photographie, et s’était installé à Biarritz. Il était marié à Gilberte RICHARD, avec qui il a eu 6 enfants, dont l’aîné François-Charles, né en 1934, avec qui j’ai correspondu par internet, et qui est décédé en 2013. Nous avions assez peu de contacts avec ces cousins du fait de la distance géographique avec Biarritz.
Raoul Alibert de la Vallée en grande tenue de Chevalier
Signature de Raoul Alibert
Mémorial des ALIBERT
Je vous propose ici un extrait du Mémorial des Alibert (Pages-9 à 14) qui m’a été transmis par mon cousin François Charles ALIBERT (1934-2013) dépositaire du manuscrit de son père et avec qui j’ai été en relations généalogiques. Raoul ALIBERT est l’auteur de cette biographie familiale, qu'il a commencé à rédiger au lendemain de son mariage. Il fit un travail de généalogie très poussé, mais uniquement sur la lignée agnatique, car il ne s'intéressait qu'au nom Alibert. Son arbre généalogique était réalisé à la main sur un ensemble de fiches comportant chacune des bouts d’arbres très peu lisibles, car écrits à la main et qu’il fallait assembler selon un plan numéroté : ci-dessous par exemple les fiches B6 et B7.
Heureusement, le manuscrit comporte un schéma synoptique qui permet d’avoir une vision plus générale de l’arbre généalogique :
Ce travail fut consigné en 1933 dans son « Mémorial des Alibert », dont l’extrait ci-après en italiques dans lequel j’ai ajouté mes numéros Sosa permettant d’identifier nos ascendants directs et quelques commentaires pour corriger certaines informations approximatives, voire fantaisistes :
Sur l’origine de la famille Alibert s’est créée cette légende qu’un chef sarrasin du nom d’Ali-Bey, lorsque les Arabes furent, en 732, défaits par Charles Martel, à Poitiers, s’établit dans le midi de la France, et que le nom d’Ali-Bey, que durent également porter les hommes de sa descendance, se transforma au cours des siècles en Ali-Ber, Ali-bert, Alibert ; ou en Alibey, Aliber, Alibert.
Fiction ou réalité ?
Toujours est-il que de ce midi seul de la France partent les différentes souches d’Alibert, souches qui, si l’on pouvait remonter à l’origine de chacune, se rattacheraient sans doute ensemble...avec, pour auteur, ce chef sarrasin Ali-Bey.
"Alibert" serait en fait un nom de famille du midi d'origine germanique, dérivé de ali-berht de la racine ali, autre, étranger (alien !) et berht, renommé, célèbre.
De ces diverses souches, certaines sont restées attachées au sol ancestral, et l’on en trouve des traces nombreuses dans les pays du Bordelais, du Rouergue, et même jusqu’en Provence ; d’autres souches, au cours des siècles, ont essaimé ; on en trouve des vestiges en Italie et en Grèce ; mais le point de mire fixé par la plupart des migrateurs fut Paris ou ses environs immédiats.
C’est ainsi qu’un Jean Alibert (Sosa 320), d’une famille originaire du Périgord, vint avant 1757 se fixer à Créteil (Seine), où il s’établit comme maraîcher. (R.A. 1933)
D’après des renseignements nouvellement acquis, le maraîcher originaire du Périgord serait un Antoine Alibert, né vers 1614, et trisaïeul de ce Jean Alibert. (R.A. 1937)
La lignée ALIBERT identifiée à ce jour commence effectivement avec Antoine ALIBERT (1614-1684, Sosa 5120) né dans le Périgord et installé à son mariage en 1642 à Créteil comme jardinier, son fils Claude (1646-1704, Sosa 2560), jardinier à Créteil, son petit-fils Michel (1672-1742, Sosa 1280) jardinier à Maisons-Alfort, son arrière-petit-fils Jean (1699-1773, Sosa 640) également jardinier à Maisons-Alfort, pour arriver à Jean ALIBERT (Sosa 320) jardinier à Créteil chez M. Gastié.
D’un mariage avec Marie-Louise GAUTIER (Sosa 321), Jean ALIBERT eut plusieurs enfants (4, 6 ou plus) : les cadets formèrent chacun une branche qui est à peu près éteinte, tout au moins par la filiation mâle ; l’aîné, Charles ALIBERT (Sosa 160), marié avec Marguerite PRAVEL (Sosa 161), eut sept enfants, sept garçons, desquels descend en quelque sorte cette fraction de la famille Alibert à qui, en souvenir de l’origine lointaine, nous avons donné le titre de "Souche du Périgord".
Le premier de ces enfants mourut à cinq ans, le second, Jean-Marie (1779-1809), fonda donc la branche aînée, qui, après avoir été assez florissante au cours du 19e siècle, ne vit plus, quant à la filiation mâle, que par deux rejetons : Désiré-Louis Alibert et son fils Gabriel-Désiré Alibert, lequel n’a pas d’enfant.
Jean-Marie ALIBERT a épousé Madeleine Eugénie JALOUX qui lui a donné 3 fils, Alexandre, Jean-Baptiste et Louis Édouard sur lesquels je n’ai recueilli que peu d’informations.
Le 4e fils de Charles Alibert, Charles-Etienne, fonda la branche dite des "Bordes" dont seul un rejeton mâle, également sans enfant, André-Camille-Marie Alibert, survit.
Je n’ai pas d’informations sur cet André Camille Marie ALIBERT. En fait Charles Étienne ALIBERT (1784-1836) concierge, puis garde-chasse à Bombon, eut un fils aîné nommé également Charles Étienne (1814-1854), serrurier à Bombon et dont descend la branche VARLET par son fils Paul Isidore (1843-1891) également serrurier à Bombon, et sa petite fille Marie Augustine qui a épousé Léon VARLET en 1901 à Melun.
Le 5e, Pierre-Alexandre Alibert, fonda la branche dite "de Courpalay" qui survivrait par un enfant naturel, problématique et mystérieux.
En fait Pierre-Alexandre ALIBERT (1787-1861) voiturier à Champigny, concierge à Bréau a épousé en 1808 à Bonneuil-sur-Marne Marie Augustine BONNOT qui lui a donné un fils Alexandre Charles entrepreneur de bâtiment, dont postérité et 2 filles Clarisse et Victoire-Amélie.
Le 6e, Jean-Baptiste Alibert, fonda la branche dite "de Bombon" qui n’eut d’ailleurs qu’une durée éphémère et est complètement éteinte.
En fait, Jean-Baptiste ALIBERT (1890-1829) cultivateur, soldat en retraite en Juin 1814, a épousé Marie Anne Victoire COULLAUT à Bréau en 1814, qui lui a donné 3 fils Louis, Athanase et Adolphe, dont postérité et 3 filles Anne-Victoire, Adèle et Apolline.
Du 7e, nous ne savons rien.
Il nous faut donc maintenant revenir au 3e fils de Charles Alibert, François-Charles, auteur de la branche dite "de Bréau". Il eut cinq enfants dont la descendance mâle des quatre derniers est éteinte. L’aîné, prénommé également François-Charles, eut, de sa cousine germaine Victoire-Amélie Alibert, sept enfants dont seuls les 1er et 7e eurent une descendance mâle.
Le 1er, Charles-Alexandre Alibert, malgré ses onze enfants, n’eut pas de petit-fils portant le nom d’Alibert, sa descendance mâle s’éteignant avec ses fils.
Descendance de François Charles ALIBERT
Son fils aîné, François Charles ALIBERT (1803-1872, Sosa 80) marchand de bois et ébéniste a épousé sa cousine germaine Victoire-Amélie ALIBERT (Sosa 81) qui lui a donné à ma connaissance 5 enfants, dont l’aîné Alexandre Charles (1832-1894) eut effectivement 11 enfants de son épouse Amélie CAMUS.
Le 7e, Adolphe-Édouard Alibert, eut cinq enfants, dont trois d’un premier lit et qui n’eurent pas de postérité mâle. Deux fils lui naquirent d’un second lit : Clovis-Gaston et André-Edouard ; ce dernier, sur cinq enfants, n’a gardé que trois filles. Quant à l’aîné, Clovis-Gaston, il eut de sa cousine Marthe-Juliette Delavallée, deux fils, Raoul-Louis et Camille-Gabriel; ce dernier n’est pas encore marié ; Raoul-Louis est celui qui trace ces lignes ; tous deux sont les seuls et ultimes représentants mâles de la famille sur qui peut s’étayer l’espoir de la continuation du nom.
Et c’est au lendemain même de notre mariage, portant déjà en nous cette idée de servir notre famille autrement que par nos recherches généalogiques et d’en perpétuer d’une manière tangible le souvenir des évènements mémorables, joyeux ou douloureux, que nous ouvrîmes ce "Mémorial".
Ce qu’il sera, Dieu seul le sait ; nous nous efforcerons simplement de faire notre tâche le mieux qu’il nous sera possible ; et ceci sera notre conclusion : nous ancrons en notre cœur l’espoir que celui qui nous succédera, après en avoir rempli à son tour quelques pages, en confiera le dépôt à son héritier, afin que celui-ci le lègue, à son heure ultime, au représentant de la famille à qui incombera alors la tâche sacrée de continuer la lignée et de perpétuer l’histoire et la mémoire des
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Raoul-Louis Alibert
Je vous raconterai dans un prochain article sur la famille ALIBERT, l'histoire tragique de Camille, fils cadet de Gaston, histoire qui m'a d'autant marqué, que j'ai bien failli y être mêlé.
Jean-Paul ARNOUL-ALIBERT