vendredi 6 septembre 2019

13 - Famille ARNOUL - Albert ARNOUL et Henry ARNOUL

Voici maintenant un article sur Albert Arnoul fils de Louis, et ses descendants Henry ARNOUL, père et fils, nos ancêtres directs. À la fin de cet article, un paragraphe sur l'origine du patronyme Arnoul

La famille ARNOUL - Albert ARNOUL et Henry ARNOUL


Albert ARNOUL (64.4 = Sosa 32)

Albert ARNOUL, surnommé Léon, était le quatrième enfant de Louis ARNOUL (°1766 +1848), marchand tanneur, et de Marie-Anne Gabrielle BERTRAND  (°1777 +1867). Il est né à Provins (77) le mardi 29 mai 1810.  À sa naissance, ses père et mère étaient âgés de 43 ans et 33 ans. 
Il est devenu avocat et est décédé le 11 septembre 1892 à l'âge de 82 ans.    



Albert ARNOUL (1810-1892)

Voici ce que nous dit de lui Jacqueline Certes-Arnoul dans son ouvrage "Réminiscences":

Albert ARNOUL, notre arrière-grand-père, est né à Provins en 1810.
I1 fit ses études d'abord au lycée de Versailles, puis à Sainte-Barbe comme ses frères. En sortant du collège, il fit son droit tout en entrant comme secrétaire chez un célèbre jurisconsulte.

En 1838, il quitta Paris pour se fixer à Melun, 9, rue Neuve où il acheta pour quatre-vingt mille francs une charge d'avoué qui rapportait neuf mille francs par an et épousa Mademoiselle Sophie PAILLIEUX, qui lui apporta sans doute une dot, comme c'était la coutume.
Le père de Sophie, l'agronome Auguste PAILLIEUX, importa du Japon ce légume fin et délicat appelé crosne, car il fut acclimaté à Crosne en 1882.



Arbre généalogique d'Albert ARNOUL et de Sophie PAILLEUX

Albert était un travailleur infatigable et un chrétien de grande valeur morale. Les documents prêtés par notre cousine Laurette FAY, nous permettent de retracer les grandes lignes de sa vie.Ses qualités et sa vie droite l'avaient fait apprécier de ses concitoyens et il fut sans cesse sollicité pour occuper des postes bénévoles.

En 1846, il fut délégué pour représenter l'administration du canton de Melun Nord. Craignant les émeutes, la ville était gardée militairement par un bataillon communal.
En 1848, un imprimé signé Salut et fraternité le désigne pour des rondes de nuit à la tête d'un piquet de cinquante hommes.

Il est aussi administrateur de la Caisse d'épargne et de prévoyance, une convocation pour le rapport annuel à l'hôtel de ville de MELUN en fait foi.

En 1849, il est inscrit sur les listes des délégués des communes.
En 1850, nous le voyons membre du Comité de l'union de Seine et Marne, dont la devise est Religion, Famille et Propriété rejoignant quelque peu les tendances socialistes de l'époque que bien des chrétiens trouvaient fort justifiées. Leur but était de réformer le mode de répartition de la richesse acquise et de convenir que ceux qui avaient tout partageraient avec ceux qui n'avaient rien. Idées sublimes en soi, mais héroïques à mettre en pratique pour les possédants.

En cette même année, il fit paraître un livre sur le Communisme et les insurrections au XVIe siècle, commenté dans le "JOURNAL DE SAINT QUENTIN," du 22 mars 1851, "Histoire de l'idée communiste, sous François Ier et Charles Quint".

En décembre 1851, paraît un arrêté du Préfet du département, M. de MAGNITOT, qui a fait suspendre le maire de Melun, M. POYEZ et nommé d'office M. COCTEAU maire de la ville et MM. ARNOUL et GUILLERAND adjoints, postes que tous trois avaient occupés provisoirement.

Albert et ses collègues se rebiffent, écrivent au Préfet. Ils ont accepté la difficile gestion de MELUN, mais à titre provisoire, ils ont rempli leur devoir au milieu de graves événements et demandent à se libérer de ces occupations gênant l'exercice de leur profession.
On n'en tiendra pas compte. COCTEAU, GUILLERAND et ARNOUL seront réélus en 1852. Ils n'arrivent pas à en sortir.

Cette année-là, une note élogieuse lui est adressée :

On porte l'effectif des gardes nationaux pompiers à cent cinquante hommes et personne n'est mieux qualifié qu'Albert pour être capitaine en second de cette troupe.

Une note, datée de 1845 indique les progrès de MELUN à l'élaboration desquels notre arrière-grand-père avait participé en tant qu'adjoint au maire POYER :

Percement de rues, édification de pompes sur les puits, éclairages au gaz de ville, numérotage des maisons, inscription du nom des rues, construction de l'Hôtel de Ville. En 1846, construction d'une salle d'asile et d'une crèche. En 1847, élargissement de la rue Saint Liesne et nouveaux travaux à l'Hôtel de Ville.

En février 1848, la révolution le chassa de son poste comme un malpropre, lui qui avait tant fait pour sa ville. On ne s'étonnera pas de sa réticence à reprendre cette activité les années suivantes.

Albert ARNOUL, dit Léon, fut un excellent père de famille, il éleva avec beaucoup de fermeté son fils aîné Camille né en 1840, choya ses filles Léonie et Cécile nées respectivement en 1842 et 1845. Par contre, il contribua peu à l'éducation du jeune Henry né en 1873, un peu tard comme la suite nous le prouvera.

Après les idées nouvelles propagées par VOLTAIRE et ROUSSEAU, après les atrocités antireligieuses de la Révolution, après le libertinage napoléonien, un revirement religieux se produisit sous le règne de CHARLES X. L'influence du curé d'ARS, né en 1786, fut très importante. Ses conversions et ses prophéties attiraient de nombreux fidèles.

D'autre part, une pléiade de grands chrétiens donnèrent un nouvel essor religieux, tant par leur éloquence, que par leurs écrits. Je citerai, parmi tant d'autres : LAMENNAIS, LACORDAIRE qui rétablit l'ordre des Dominicains en France, Mgr DUPANLOUP, Louis VEUILLOT, Frédéric OZANAM qui créa les conférences de Saint Vincent de Paul pour le soulagement des misères cachées. Théodore RATISBONNE, écrivain français d'origine israélite dont la conversion fulgurante fit grand bruit. Il reçut le baptême et fut ordonné prêtre. Il fonda avec son frère Alphonse le couvent de Sion à JÉRUSALEM à l'emplacement de la maison de Pilate, destiné à aider la conversion des israélites.

De plus, la Vierge, dont la France est le pays depuis le vœu de LOUIS XIII, y apparut plusieurs fois en ce XIXe siècle : en 1830 à l'humble sœur des pauvres Catherine LABOURE 140, rue du Bac à PARIS, en 1846 à la SALETTE, en 1858 à LOURDES, en 1871 à PONTMAIN mettant fin à la guerre. La Vierge donnait son message aux quatre coins de notre pays. Il s'ensuivit un regain de foi dans tous les milieux, une foi profonde pour les croyants qui changèrent leur mode de vie évitant pour eux et pour les leurs tout risque de tentation dans une vie facile. C'est ainsi que droiture, études et pratique de la religion furent la ligne de conduite des enfants d'Albert.

Malgré sa rigueur, Albert était un tendre, il écrivit pour l'éducation des enfants de nombreux contes ayant trait à la vie à la campagne qu'il avait observée autour de lui, ouvrages couronnés par le ministre de l'Instruction et de l'Agriculture, car en même temps que les enfants y apprenaient à lire, ils prenaient goût à cette vie à la campagne relatée avec tant de talent et ne cherchaient pas à aller travailler en ville. Je citerai : "Récits de mon village" (le hameau de Martinville), histoires d'un village de la Brie où les animaux domestiques tiennent une grande place comportant cent trente-huit chapitres.

Depuis quelque temps des bruits couraient que les frais de justice en France étaient beaucoup trop élevés. Une proposition avait été faite au SÉNAT dans le but de diminuer le coût des procédures au détriment des avoués dont l'utilité avait tendance à être contestée. À cette nouvelle, la corporation des avoués de Seine et Marne rédigea une circulaire en mai 1857 qu'elle adressa à ses collègues afin de trouver une solution à ce drame.

En juin, l'empereur NAPOLÉON III, alerté, recevait les délégués des avoués, leur certifia que leurs honoraires ne changeraient pas et qu'un article mentionnant cette décision paraîtrait au Moniteur. Cependant le mal était fait. Les avoués cherchaient à vendre leurs études, mais ces charges, fortement dépréciées, se vendaient mal.

Albert voulut se débarrasser de sa charge le plus rapidement possible avant que sa valeur ne vienne encore à baisser. Un acheteur, M. VAUZOU lui fut chaudement recommandé par le Procureur Impérial et le juge de paix du tribunal devant lequel il plaidait. La charge qui rapportait alors 12.000 francs par an en 1859 fut bradée à 52.000 francs que l'acquéreur ne versa jamais. On imagine l'angoisse de la famille face à cette catastrophe financière. Entre temps, Albert avait cherché un poste de juge de paix, il en obtint en effet, mais s'étant en même temps inscrit au barreau de PARIS comme avocat et ayant reçu son admission, il préféra cette profession. N'obtenant rien de M. VAUZOU par courrier, il demanda un congé pour régler ses intérêts à MELUN et chercha à récupérer sa charge non payée, la remettre à son nom afin de trouver un acquéreur valable. Ce pauvre Albert devait aller de déception en catastrophe. M. VAUZOU, joueur et noceur, couvert de dettes, s'était réfugié en Amérique. On ne pouvait rien faire en son absence.

En 1862, Albert fit paraître un essai historique "La France en l'année 1848" paru chez GARNIER rue des Saint-Pères.
(D’après Réminiscences, de Jacqueline Certes-Arnoul)

Secrétaire général de la Société Protectrice des Animaux à sa création, il publie en 1869 "Récits de mon village", livre faisant l’apologie de la cause des animaux. Petit fils de Maître de Poste aux chevaux, il y relate la vie à la Poste et au hameau qu'il l’entoure comme des souvenirs personnels.
Cet ouvrage viens d'être réédité par mon cousin Louis ARNOUL.
 

 

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Descendance d'Albert ARNOUL


Albert ARNOUL (Sosa 32) s'est marié le 13 février 1840 à Paris IIIe (75) à l'âge de 29 ans, avec Sophie PAILLIEUX  (Sosa 33), née le 19 juin 1817 à Paris IIIe, fille de Jean Auguste PAILLIEUX  (°1776 +1838), Agronome, négociant à Paris, et d'Adélaïde Rose FOURNIER d'EVILLÉ  (°1787 +1827). À sa naissance, ses père et mère étaient âgés de 41 ans et 30 ans.
 Elle est décédée le 10/03/1892.

Ils eurent ensemble 4 enfants :
  • Camille ARNOUL (32-1) né en 1840 , décédé en 1902 et qui épousa Blanche CAILLARD (32-1A) née en 1845, décédée en 1917 ,
  • Léonie ARNOUL (32-2 ) née en 1842, décédée en 1929 sans postérité,
  • Cécile ARNOUL (32-3 ) née en 1845, décédée en 1933 sans postérité,
  • Henry ARNOUL (32-4 = Sosa 16) né en 1853, décédé en 1912 et qui épousa en octobre 1888, Alphonsine URBAIN (Sosa 17), née en 1868 et qui décéda en 1928 .

 
Léonie ARNOUL (1842-1929)
Suite de "Réminiscences" :

Léonie à l'âge de dix-sept ans était très jolie, intelligente et spirituelle. Un jeune homme avait demandé sa main et elle avait accepté une petite bague d'accordailles qu'elle me donna peu avant sa mort. La ruine de son père changeait tout. En 1859, on n'épousait pas une fille sans dot. Léonie renonça d'elle-même à ce mariage, mais garda la bague.


Cécile ARNOUL (1845-1933)

La famille ARNOUL s'installa à PARIS, 12 rue Vivienne où les deux sœurs fort instruites, prirent en main l'éducation de leur jeune frère Henry, âgé de six ans.

Albert, avocat, plaidait gratuitement pour les pauvres et peu de riches s'adressaient à lui. L'abondance que l'on avait connue à Melun ne régnait plus à la maison. On économisait sur tout, se passant de domestiques, rapiéçant les vêtements, évitant tout superflu pour survivre.
 
Camille avait dix-neuf ans. Il avait terminé ses études au collège Sainte-Barbe et se préparait à être chimiste, profession pleine d'avenir à l'époque.
(D’après Réminiscences, de Jacqueline Certes-Arnoul)

 

Camille ARNOUL (32-1)

Le fils aîné d'Albert, Camille ARNOUL, élève distingué du professeur Chérain, fut de 1868 à 1902 l’un des industriels les plus considérables et les plus considérés de l’arrondissement de Pontoise où il avait créé une fabrique de produits chimiques des plus florissantes. Camille gérait à la perfection son usine de Saint-Ouen-l’Aumône.

Il eut deux filles de son mariage avec Blanche CAILLARD :  
  • Madeleine ARNOUL (°1870+1936)  
  • Marguerite ARNOUL (°1874+1879)
Il ne se consola jamais de la mort de sa cadette à l'âge de quatre ans.
Lui même mourut à soixante-deux ans en 1902 d'une péritonite pendant l'opération. (Le 6 mars 1902 à Saint-Ouen-L’Aumône)
[Renseignements donnés par Laurette FAY sa petite fille].

 

Camille ARNOUL (1840-1902)



Camille versait à ses sœurs une pension viagère, intérêts de leur part laissée dans l'entreprise. Cependant si cette somme pouvait les aider à vivre chichement en restant solidaires, le besoin d'action et d'épanouissement de Léonie et de Cécile n'aurait su s'en accommoder. Les deux sœurs fondèrent, après les troubles de la guerre de 1870 et de la Commune en 1871, un cours pour les jeunes filles de la société, rue Radziwill (propriété actuelle de la Banque de France). Elles furent les premières à prendre des professeurs hommes et eurent de ce fait beaucoup de succès. Ces demoiselles venaient à leurs cours à cheval.

Les tantes Léonie et Cécile avaient quitté leurs cours de la rue Radziwill ainsi que leur logement de la rue Vivienne pour habiter un petit pavillon à Neuilly, quand la guerre de 1914 éclata.

Mon père qu'elles appelaient Joseph pour le distinguer de leur frère Henry avait fait des études d'électricité et se trouvait nanti d'une place d'ingénieur chez Ducretet. Ma mère nous disait avoir rendu visite à ce monsieur avec son fiancé et avait été impressionnée de le voir presque aveugle et vivant dans la semi-obscurité. Il avait eu les yeux abîmés par les rayons lors de ses expériences.
Mon père avait été réformé après quelques mois sur le front à cause d'une faiblesse de l'estomac et surtout après l'intervention des tantes auprès d'un général de leurs connaissances. Il faut dire aussi que les rigueurs de la guerre et l'affreux carnage dont il avait été témoin, l'avaient perturbé au plus haut point, lui élevé si douillettement par ces deux femmes qui l'idolâtraient.

Il avait l'âge du mariage (vingt-six ans en 1914) et pour éviter qu'il ne suive l'exemple de leur frère, ses tantes cherchaient une jeune fille susceptible de lui convenir. Ce n'était pas chose facile bien que les jeunes filles à marier aient été fort nombreuses avec l'hécatombe des jeunes gens sur le front.
Mon père, disait-il, avait refusé une cinquantaine de partis lorsqu'il rencontra en 1916, ma mère Alice GÉANT. Celle-ci avait vingt ans, était fraîche et mignonne, très bien élevée, mon père assez bien de sa personne, savait être charmant, sa verve était extraordinaire. Il avait tout lu, tout vu, tout entendu. Il était de bonne naissance assurant à Alice ébahie qu'il descendait de Charlemagne par l'évêque SAINT ARNOUL. Ils se plurent sur-le-champ.

J'ai appris par la suite, que tout l'ouest de l'Europe pouvait s'enorgueillir d'une telle filiation, cependant cet évêque qui a les honneurs du Petit Larousse, s'appelait bien ARNOUL sans T ou D à la fin du nom.
Pour le prestige de notre famille, nous resterons sur cette affirmation, précisant que les évêques, à cette époque, pouvaient se marier. Heureux sommes-nous de ne pas avoir hérité d'un patronyme ridicule suivant l'humour douteux de nos aïeux invités à décliner un nom pour former le premier état civil républicain.

(D’après Réminiscences, de Jacqueline Certes-Arnoul)

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Descendance de Camille ARNOUL

Camille ARNOUL qui est décédé à l’âge de 62 ans laissa une fille unique, Madeleine qui a épousé en 1892 Léon JOUARRE, docteur en droit, avocat stagiaire à la Cour de cassation, dont 2 enfants :
  • Marguerite JOUARRE (32.1.1), née en 1894, décédée en 1979, épouse de William GOMPERTZ, parents de Laurette qui épousa Claude FAY.
  • André JOUARRE (32.1.2), né en 1895, mort pour la France en 1917.

Ces deux articles parus à la suite de son décès permettent de mieux connaître qui était Camille ARNOUL :

Les obsèques de M. Camille Arnoul, Maire décédé jeudi dernier des suites d’une longue et cruelle maladie, ont eu lieu le samedi au milieu d’une foule considérable.

Ennemi de tout apparat, M. Arnoul avait souhaité que ses obsèques eussent lieu simplement, son désir a été respecté et la cérémonie funèbre, par son émouvante simplicité, a davantage impressionné l’assistance nombreuse qui avait tenu accompagner le défunt à sa dernière demeure.

Vendredi M. Millet, adjoint, a annoncé au conseil municipal la mort de M. Arnoul, a retracé la vie et fait l’éloge du Maire disparu. Le conseil s’est associé unanimement aux paroles prononcées par M. Millet et a levé la séance en signe de deuil.

 Les électeurs seront prochainement appelés à élire un conseiller municipal et ensuite aura lieu la nomination d’un nouveau Maire.
(Le régional de Seine et Oise du jeudi 13 mars 1902)



Nécrologie de monsieur Camille Arnoul, maire de Saint-Ouen l’Aumône

Samedi ont eu lieu à Saint-Ouen l’Aumône les obsèques de M. Camille Arnoul, industriel, maire de cette commune. Une foule qui s’était jamais vue, presque toute la population de Saint-Ouen et d’Epluches, un grand nombre de personnes de Pontoise et des environs étaient là donnant un témoignage de ce laborieux, de ce philanthrope enlevé si prématurément à l’affection de tous. Le deuil était conduit par M. Léon Jouarre, son gendre. 


Monsieur le sous-préfet de Pontoise, Monsieur le Député Cornudet, de nombreux magistrats, officiers ministériels et fonctionnaires, tout le conseil municipal de Saint-Ouen si rudement éprouvé dans la circonstance, les maires des communes voisines avaient tenu à accompagner à sa dernière demeure la dépouille de ce digne et intègre citoyen. Ses ouvriers entouraient le cercueil.


On voyait aussi les sociétés et corporations qu’il patronnait et protégeait, les enfants des écoles qui recevaient tant de marques de l’inépuisable bonté de M. Arnoul et de sa famille.

Suivant sa recommandation expresse et conformément d’ailleurs à ce qu’il avait été lui-même toute sa vie, la cérémonie a été des plus simples et aucun discours n’a été prononcé.


Ainsi est cruellement arraché à l’âge de 62 ans, en peu de jours à la vie de famille, ce bon mari , père et grand-père d’enfants qu’il chérissait par-dessus tout. Il est enlevé à cette autre grande famille qui lui était bien chère aussi, son personnel, ses ouvriers, qui avaient pour lui une vénération filiale.


Ainsi disparaît de la vie sociale ce travailleur, ce savant ce piocheur qui ne devait qu’à lui-même sa brillante position industrielle. Ses progrès dans la fabrication spéciale à laquelle il s’était adonné, ses procédés nouveaux, ses découvertes, lui avaient fait obtenir encore récemment l’une des plus hautes récompenses de l’Exposition Universelle.


Chimiste distingué, entièrement dévoué à sa profession, il s’y était consacré entièrement, fuyant les honneurs, mais rendant des services.

Il n’avait consenti que très tardivement à accepter les fonctions de Maire de sa commune. Il a fait là un sacrifice, une diversion à ses chères études scientifiques dans le but surtout de sauvegarder les intérêts de son pays, de ses compatriotes si gravement menacés par les actes odieusement abusifs de la ville de Paris; il était courageusement dans la lutte contre cette puissance si peu habituée à rencontrer des résistances et à en tenir compte.


Par sa haute influence dans les conseils d’hygiène, par les relations et ses démarches, il était parvenu, sinon à supprimer le mal déjà fait, tout au moins à en empêcher l’aggravation.

Sous son administration municipale, des projets délicats et importants de mairie nouvelle, groupe scolaire, ont été mis à pied et n’attendaient plus que la consécration officielle; son aide pécuniaire n’a jamais fait défaut à la commune.


Instruit et affable, d’un caractère droit et loyal, bienveillant à tous, surtout aux malheureux, jouissant de l’estime générale, M. Arnoul, par une ambition qui eut été légitime étant donné sa position de fortune, sa haute culture intellectuelle, sa connaissance pratique des affaires, aurait pu prétendre à un rôle politique dans notre région.


Républicain d’un esprit largement libéral et tolérant, homme pratique, il aurait certes rendu au pays plus de services que tant de bavards prétentieux qui encombrent nos assemblées délibérantes, mais par tempérament, il se sentait peu porté à se mêler aux luttes et compromissions électorales. Modeste et simple, il se contentait de faire de sa fortune un noble et généreux emploi, de se rendre utile et de faire le bien autour de lui.


Son existence a été courte, mais elle a été bien remplie.

Que n’avons-nous hélas ! Beaucoup de français comme lui ! 
(L’écho pontoisien du jeudi 13 mars 1902 conservé sous la cote J.O. 14049 à l’annexe de la bibliothèque nationale de Versailles)

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Henry ARNOUL (Sosa 16)

Henry ARNOUL, fils cadet d'Albert ARNOUL et de Sophie PAILLEUX, est né sur le tard le 29 novembre 1853 à Melun. Il fut élevé par ses sœurs Léonie et Cécile, instruit et formé par son frère Camille. Il dirigea lui-même un établissement de produits chimiques du même genre près de Bruxelles (HAEREM).
Henry ARNOUL (1853-1912)

Suite de "Réminiscences" :

Il ne fut pas question pour Henry du collège où son père et son frère avaient fait de brillantes études, ses sœurs s'occupèrent entièrement de lui.

Quand Camille monta son usine de produits chimiques à Saint-Ouen-l’Aumône, il ne put débuter sans capitaux et, puisqu'il était chargé de faire vivre sa famille en qualité d'aîné, je pense que son père récupérant quelque argent de son étude ou grâce à la dot de sa femme put l'aider à démarrer.

Fort de la devise du Comité de l'Union de Seine et Marne, celui qui réussissait se devait d'aider les moins fortunés : « Tous pour un, un pour tous », c'était la devise des quatre frères et sœurs. C'est ainsi que Camille, dont l'entreprise habilement menée fut des plus florissantes, aidait sa famille à vivre et il avait été convenu que son frère Henry deviendrait son associé lorsqu'il aurait fini ses études.

Malheureusement pour lui, entre ses sœurs et sa mère, Henry avait acquis une certaine mollesse et une indécision qui ne le préparèrent pas à devenir un chef d'entreprise. La discipline et l'intransigeance de maîtres habitués à former la jeunesse en auraient fait, sans doute, un autre homme.

Camille l'avait pris dans son usine, comme il avait été convenu, pour le former au métier de chimiste. Eut-il devant lui un frère prétentieux qui voulait partager la direction des affaires dans l'immédiat ? Eut-il devant lui un indécis incapable de juger et de prendre une initiative ? Fut-il influencé par sa femme Blanche CAILLARD qui s'avéra, à la mort de son mari, être une maîtresse femme ?

Toujours est-il que c'est lorsqu' Henry eut passé la trentaine, que Camille se décida à éliminer son frère de son usine. Il lui donna sa part pour qu'il monte une filiale en Belgique afin de ne pas nuire à son entreprise en France. Cependant les deux usines marchaient de pair, une carte en notre possession nous l'atteste. Elle est postée d'Haeren près de Bruxelles.

Quittant sa famille pour la première fois, Henry dut bien souffrir de son isolement et être désemparé sans ses guides habituels. Je ne pense pas qu'il ait apprécié cette liberté, nouvelle pour lui et trop tard venue, et le premier jupon qui jeta son dévolu sur lui, bien qu'elle ne fut qu'une employée de son usine, remplaça pour lui cette famille qui lui manquait.

Alphonsine URBAIN (Sosa 17) ainsi se nommait elle, avait visé haut et se rengorgeait d'avoir remporté la victoire. Henry ne fut pas heureux longtemps, cette jeune femme, exigeante et dépensière était de plus, d'un caractère difficile à supporter. Pour éviter ses récriminations, Henry cédait à tous ses caprices et la bonne marche de son usine s'en ressentait.

À la fin de l'année 1887, Alphonsine annonça à son amant qu'elle allait être mère. Henry fut bien obligé de mettre ses parents au courant de sa future paternité, se doutant bien qu'il n'aurait pas que des compliments.

Au reçu de sa lettre, ce fut un beau concert de récriminations. Ses sœurs, ses parents, Camille furent outrés de la mauvaise conduite d' Henry et les lettres affluèrent. Jamais un Arnoul digne de ce nom n'avait entaché pareillement la famille, il les déshonorait tous. On exigea son mariage pour donner un nom à l'enfant qui allait naître. Camille, qui ne s'entendait guère avec son frère, alla plus loin, il le reniait, il ne voulait plus le voir et surtout ne plus jamais entendre parler de lui.

Henry savait bien que son mariage avec Alphonsine serait un échec, il voyait un peu trop tard l'erreur qu'il avait commise. Ses sœurs le pressaient au nom du futur nouveau-né, il hésitait toujours à se décider.

Le bébé, mon père, naquit le 3 juillet 1888, il fut appelé Henry comme son père et déclaré sous le nom de sa mère. Les soucis de toutes sortes accablaient ce pauvre Henry (père). L'usine, mal gérée, périclitait de plus en plus, les lettres pleuvaient, Alphonsine réclamait le mariage à cor et à cri, la vie était intenable avec, de plus, ce bébé, cause de tout le mal. Il vendit son usine, très mal sans doute avec un chiffre d'affaires en baisse continuelle et vint s'installer à Paris, 67 rue des Batignolles (17°).

Son mariage eut lieu le 11 octobre 1888 et il reconnut son fils.

En échange de son usine, il monta une savonnerie à PUTEAUX qui marchait très bien, mais ayant besoin de capitaux pour son développement, il ne put en trouver auprès de sa famille et vendit son affaire. Il mourut découragé en 1912.

Au retour de Belgique ses deux sœurs, Léonie et Cécile proposèrent de s'occuper du bébé et de le prendre en charge. Mon père adorait ses tantes et ne les quitta jamais, et elles mêmes privées de maternité, s'attachèrent à cet enfant qu'elles considéraient comme le leur. Elles faisaient réponse à tous ses caprices. C'est ainsi que pendant les cours qu'elles donnaient, il arrivait qu'il soit caché sous leur bureau au grand plaisir des jeunes élèves.

Quatre autres enfants naquirent du mariage d'Henry et d'Alphonsine
  •   Marie Thérèse en 1891, décédée en 1970
  •   Jean en 1890, mort pour la France en août 1914 ;
  •   Pierre en 1894, époux de Léone SILLARD, mort en 1984 ;
  •   Rose  née en 1896, épouse de Pierre VAYSSE, décédée en 1973.
Ils ne comprirent jamais pourquoi leur frère aîné avait un régime de faveur et le jalousaient.
(D’après Réminiscences, de Jacqueline Certes-Arnoul)

À suivre...

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Origine du patronyme ARNOUL

Arnoul est un nom de famille dérivé du vieux nom germanique arnulf qui signifie aigle-loup, issu de la racine arn qui signifie aigle et wulf qui signifie loup. Il s'agit à l'origine du surnom d'un homme combatif ou d'un guerrier.

Arnoul, qui est à l’origine un prénom, est devenu un nom de famille héréditaire à partir du XIVe siècle, quand l'augmentation de la population ne permettait plus de différencier les individus par leur simple nom individuel qui, jusque-là, suffisait à l'identification d'un individu dans l'espace restreint de cette société d'interconnaissance que constituait le village.

Les variations de transcription dans les actes ont donné lieu à différentes orthographes du nom, comme Arnoult, ou Arnould qui provient probablement d'une transformation du f, ou encore de l’habitude de certains rédacteurs de terminer le mot par une fioriture (voir exemple), mais on a aussi Arnoux, voire Ernoult pour les noms de famille. En revanche pour le prénom, seul Arnaud a été conservé de nos jours.

Exemple de fioritures sur Albert ARNOUL

Ici Jean ARNOUL témoin à Grandpuits


Quand on remonte au-delà du XVIIe siècle, l’orthographe des noms de famille est assez variable selon la langue maternelle du rédacteur. Par exemple, nous avons du côté ALIBERT-EHRÉ des ascendants lorrains nommés MASCHINO, ou MAGINOT qui sont en fait 2 transcriptions du même nom de famille. Si le rédacteur de l’acte est un pasteur protestant germanophone, il va entendre et écrire MASCHINO, alors que si c’est un prêtre catholique francophone il va noter MAGINOT. Cela peut aussi être une simple interprétation par le scripteur du nom prononcé par le déclarant, qui souvent ne savait pas vraiment lire son nom sur l’acte qu’il signait. Ainsi pour WURTZ et WIRTZ, ou encore BLACK et PLACK, KASTLER et KESSLER, etc.

Remarque : L'usage veut qu'on prononce le de ARNOUL, alors que pour ARNOULT ou ARNOULD, on prononce "ARNOU", comme ARNOUX.

Jean-Paul ARNOUL




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