Après l'article N° 11 sur les ascendants d'André GÉANT, voici un article consacré aux ascendants d'Henriette HOUEL son épouse, parents de notre grand-mère Alice épouse ARNOUL, qui ont habité à Bures-sur-Yvette, au 8 boulevard Georges Seneuze, à partir de 1933.Nous avons beaucoup de détails sur la vie des HOUEL grâce au récit de Jacqueline ARNOUL ép. CERTES dans Réminiscences.
Correctif du 4 février 2022 : Le médecin militaire qui a soigné Alice est en fait Francisco Javier Alfau, cousin d'Alta Gracia et neveu de Felipe Alfau. Voir l'article n° 40 sur la famille Alfau.
Famille GEANT-HOUEL - Ascendants de Henriette HOUEL
Alice MARIGNAT de VERCORS épouse HOUEL et sa fille Henriette en 1874 |
Gilles et Nicolas HOUEL
Sous le Premier Empire, Gilles et Nicolas Houel, venus d'Antrain-sur-Couesnon, localité située aux confins de la Bretagne et de la Normandie, sont installés à Paris. Gilles, qui est né en 1770 et qui est négociant en cuirs, habite 94 (antérieurement 235) Grande Rue du Faubourg Saint Antoine, sur la paroisse Sainte Marguerite. Nicolas, né en 1781, qui est corroyeur, habite 17 rue Richer.
Ils ont épousé, l'un et l'autre, des filles de Jacques Soyer, aubergiste à Ferrières en Gâtinais, mais originaire de Picardie. Marie Anne, devenue en 1801 la femme de Gilles, est venue au monde en 1778 ; Émilie, qui épousa Nicolas en 1812, a vu le jour en 1785.
Les descendants des deux jeunes femmes sont donc cousins, comme ils le sont des descendants de Jude et Laurent Soyer, fils de Jacques. Il est intéressant de noter que ceux-ci étaient tanneurs, comme le père et les grands-parents de Louise Courtois, leur mère .
Gilles et Nicolas étaient, d'autre part, demi-frères. Leur père, Jean Houel, avait épousé à Antrain, en 1766, Charlotte Durocher, dont il avait eu Gilles. Veuf en 1779, il s'était remarié, dans la même localité, en 1780, avec Renée Labbé, originaire de Sougéal, une paroisse voisine. De cette seconde union était né Nicolas, sept mois après le décès de son père.
Ces
liens familiaux expliquent la similitude ou la complémentarité des
professions exercées par les deux hommes, ainsi que toute une série de
parrainages. En 1805, Nicolas est parrain de Louis Napoléon, le fils aîné de Gilles, dont sa future femme est marraine. L'enfant n'a pas dû vivre longtemps, car, en 1809, c'est également par Nicolas que son frère, Honoré, est porté sur les fonts baptismaux. En 1821, Gilles est parrain d'Adrien, le seul fils de Nicolas.
Pour mieux apprécier les liens qui existaient encore entre toutes les branches de la famille à la fin du 19e siècle, il faut savoir que Louis Eugène Soyer, fils de Jude, a été témoin d’Émilie Houel, fille d'Adrien, donc petite fille de Nicolas, quand elle a épousé Édouard Arnoux, en 1884.
(D'après Serge Rousseau-Vellones)
Descendance de Gilles HOUEL (Sosa 152)
Dans son ouvrage Réminiscences, Jacqueline Certes-ARNOUL, nous parle aussi de la famille HOUEL, avec notamment cet arbre généalogique des descendants de Gilles Houel (Sosa 152) notre ancêtre direct.
Le couple Gilles HOUEL et Marie-Anne SOYER eut 6 enfants, soit :
- Marie-Louise Victoire HOUEL (152-1) , née en 1802, décédée en 1824 qui épousa Jacques Auguste GUERLIN le 25/10/182, dont 2 enfants, Auguste Émile GUERLIN né en 1826, et Léonie Reine Victoire GUERLIN, née en 1828L
- Louis Napoléon HOUEL (152-2) né le 14/03/1805, sur lequel on n'a pas d'autres informations
- Honoré HOUEL (152-3), né le 17/06/1809, décédé en 187, qui épousa Émilie DUCLOS le 10/08/1844
- Émile Théodore HOUEL (151-4) né le 30/09/1810, décédé en 1827, sans postérité
- Jules Victor HOUEL (152-5, Sosa 76 ), né le 06/02/1812, décédé le 13/02/1894, qui épousa le 7 octobre 1837 à Düsseldorf, Sophie Eulalie BOODE (Sosa 77) née le 28/09/1811 à La Haye, décédée à 28 ans des suites de couches le 10 avril 1840 à Paris, quelques mois après la naissance de son fils Honoré Désiré Jules HOUEL (Sosa 38) le 6 octobre 1839. Après la mort de Sophie, Jules Victor ne s'est jamais remarié, et s'est occupé de l'éducation de son fils.
- Victor HOUEL (152-6), né en 1817, décédé en 23/03/1855, qui épousa en premières noces Mathilde Amélie BOODE, décédée en 1847, puis en secondes noces le 18/05/1847 Anaïs Pauline BRAULT, née en 1830, décédée en 1914, dont 2 enfants, Berthe HOUEL, née en 1848, décédée en 1936, épouse de Léon DUVERGER dont descendance, et Marguerite HOUEL, née en 1849, décédée en 1915, épouse d'Albert BALLU dont descendance.
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Jules Victor HOUEL (Sosa 76)
Jules Victor HOUEL, cinquième enfant de Gilles HOUEL et Marie-Anne SOYER, a donc épousé Sophie Eulalie BOODE, héritière de Eduard Gustaav BOODE décédé en 1837, peu de temps après son mariage avec Jules Victor. Jules HOUEL était propriétaire foncier et s'occupait à gérer des biens et à faire des affaires en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Jules Victor HOUEL |
Voici ce que dit de lui Jacqueline ARNOUL ép. CERTES dans "Réminiscences" :
Jules Victor HOUEL a épousé à Düsseldorf le 7 octobre 1857 Sophie Eulalie BOODE, née à LA HAYE le 28 septembre 1811, leur fils naquit le 6 octobre 1859, mais Sophie mourut des suites de couches quelques mois après avoir donné le jour à ce vigoureux Honoré Désiré jules, notre arrière-grand-père que les photos jaunies nous montrent roux de poil, trapu, ébouriffé, une chevelure opulente à la Balzac. De Balzac aussi, il avait l’impétuosité et la sensibilité excessive. Coléreux et exigeant, il avait fait une fois à pied les deux ou trois kilomètres qui le séparaient de la ville de Médéa entre le plat de résistance et le dessert pour acheter le fromage dont il n’aurait su se passer, et cependant attendrissant avec des chagrins d'enfant qui lui faisaient verser des larmes.
Sophie Eulalie BOODE, était la fille cadette de Eduard Gustaaf BOODE (Sosa 154), planteur en Guyanne Brittanique, né à Demerary en 1774, décédé à Düsseldorf en 1837, et de Catharina BOURDA, née à Demerary en 1780, décédée à Mayence en 1837, et qui se sont mariés en 1799 à Sassenhiem en 1799. Sophie est décédée le 10 avril 1840 à Paris.
Histoire de la miniature de Sophie BOODE :
Après le décès de Sophie, ses frères et sœurs voulurent garder son souvenir et firent faire plusieurs miniatures d'elle. Je suppose qu'une miniature d'elle à dix-huit ans avait été copiée, car c’est une petite Sophie toute frêle, fragile comme étaient les jeunes filles « nourries de pétales de rose » du temps de Lamartine, où elle vécut que nous connaissons d’après son portrait. Lors du siège de 1870, les Allemands qui entouraient Paris occupaient les maisons de la proche banlieue. C’est ainsi que la maison de mon trisaïeul à BRUNOY fut occupée et pillée. La miniature de Sophie qui était le seul souvenir qu'il ait de sa femme, entre autres choses, avait disparu. Honoré en possédait une autre que possède Lily Allcard, sa petite-fille à laquelle il tenait par-dessus tout puisqu'il n'avait jamais connu sa mère sous d’autres traits. Un jour, alors qu'il arpentait les rues de BERLIN pour ses affaires, il vit à la vitrine d'un antiquaire ce petit portrait qu’il connaissait si bien, mais démuni de son cadre. Chose curieuse, il trouva ce cadre seul chez un autre antiquaire. Ce fut une joie pour lui que de rapporter le tableau complet à son père. Ma mère, Alice ARNOUL, possède la miniature (*) retrouvée à Berlin, Lily Allcard, fille de Sophie HOUEL a en main celle que possédait son grand-père Honoré Désiré Jules HOUEL.
Après la mort de sa femme, Jules Victor se consacra à l'éducation de son fils Honoré, et ne se remaria pas.
Histoire de la miniature de Sophie BOODE :
Après le décès de Sophie, ses frères et sœurs voulurent garder son souvenir et firent faire plusieurs miniatures d'elle. Je suppose qu'une miniature d'elle à dix-huit ans avait été copiée, car c’est une petite Sophie toute frêle, fragile comme étaient les jeunes filles « nourries de pétales de rose » du temps de Lamartine, où elle vécut que nous connaissons d’après son portrait. Lors du siège de 1870, les Allemands qui entouraient Paris occupaient les maisons de la proche banlieue. C’est ainsi que la maison de mon trisaïeul à BRUNOY fut occupée et pillée. La miniature de Sophie qui était le seul souvenir qu'il ait de sa femme, entre autres choses, avait disparu. Honoré en possédait une autre que possède Lily Allcard, sa petite-fille à laquelle il tenait par-dessus tout puisqu'il n'avait jamais connu sa mère sous d’autres traits. Un jour, alors qu'il arpentait les rues de BERLIN pour ses affaires, il vit à la vitrine d'un antiquaire ce petit portrait qu’il connaissait si bien, mais démuni de son cadre. Chose curieuse, il trouva ce cadre seul chez un autre antiquaire. Ce fut une joie pour lui que de rapporter le tableau complet à son père. Ma mère, Alice ARNOUL, possède la miniature (*) retrouvée à Berlin, Lily Allcard, fille de Sophie HOUEL a en main celle que possédait son grand-père Honoré Désiré Jules HOUEL.
Miniature de Sophie Eulalie BOODE |
Famille de Jules Victor HOUEL |
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Honoré Désiré Jules HOUEL (Sosa 38)
Honoré Désiré Jules HOUEL, était le fils unique de Jules Victor HOUEL et de Sophie Eulalie BOODE qui décéda peu après sa naissance à Paris le 6 octobre 1839. Il est décédé en 1911.
Honoré Désiré Jules HOUEL |
Il épousa en premières noces le 16 avril 1870 Alice MARIGNAT (Sosa 39), née en 1850, décédée le 5 janvier 1880, dont 6 enfants :
- 38-A.1 Ludmille HOUEL, née en 1871, décédée à 17 ans de la tuberculose en 1888
- 38-A.2 Henriette Honorine Marie HOUEL (Sosa 19), née en 1872, décédée en 1943, qui épousa le 26/12/1895 André Jean Joseph GÉANT (Sosa 18), né en 1865, décédé en 1952, parents de Marie Alice Renée GEANT (Sosa 9), née en 1896 , décédée en 1992
- 38-A.3 Honoré Ladislas HOUEL, né en 1873, disparu en mer de Chine en 1901
- 38-A.4 Renée HOUEL, née en 1874, décédée à 10 ans en1884
- 38-A.5 Christian Jean Charles Auguste HOUEL, né en 1878, journaliste, décédé en 1959
- 38-A.6 Raymond HOUEL, né en 1879, décédé à 12 mois en 1880
- 38-B.7 Sophie Eulalie HOUEL, née en 1881, décédée en 1936, qui épousa le 29/06/1904 Herbert Jules Eugène ALLCARD, né en 1873, décédé à Kénifra au Maroc en 1914 , dont 4 enfants : Georges en 1907, Marie-Louise, dite Lily, en 1909 et les jumeaux Herbert et Robert en 1912.
- 38-B.8 Isabelle HOUEL, née en 1883, décédée en 1976 , qui épousa le 23/07/1914 Guilo CROTTI-DEROSSI de COSTIGLIONE, née en 1881, décédé à Charleroi en 1914, dont un fils : Guy né en 1915, qui épousa Marcelle FOSSAT en 1939
- 38-B.9 HOUEL Philippe Jules Désiré, né en 1885, décédé en 1972, qui épousa le 03/10/1911 Paule BOUVIER de la MOTTE, née en 1892, décédée en 1941, dont 3 enfants : Honoré en 1912, époux de Nicole BONDIS, Guy en 1914, époux de Nicole DUCOUSSO d'ESTALENS et Susanne en 1916, épouse de Paul CHATELIN en 1942, puis de Paul BOVIS en 1948.
Voici ce que raconte ma tante Jacqueline ARNOUL dans son ouvrage Réminiscences, inspiré du journal d'Alice et de ce que lui a confié sa Grand-mère Henriette GEANT :
Alice MARIGNAT (de VERCORS), née le 29 novembre 1850 à La-Côte-Saint-André (38), était la fille unique de Claudine Henriette DUFAURE de VERCORS, née en 1831, elle même fille d'Étienne Gustave DUFAURE de VERCORS né le 30 Prairial de l'an XI, soit le 19 juin 1803 à Perpignan et de Claudine Josephe Nicole MISTRAL née à Lyon le 22 janvier 1806.
Alice passa quelque temps au Sacré-Cœur de Grenoble (d'octobre 1861 à août 1863) où elle fit sa première communion.
Henriette sa mère avait épousé à 16 ans Mr Joseph MARIGNAT, prétendant d'une de ses amies, malade à l'idée de ce mariage qui lui déplaisait et que ses parents lui imposaient. Héroïsme que l'on voit à 16 ans, mais que l'on regrette toute sa vie. En effet, ce mariage s'avéra être une grave erreur. Elle se sépara de son mari après la naissance de sa fille à laquelle elle consacra sa vie. Elle se faisait appeler Mme de VERCORS, du nom de sa mère, afin de supprimer toute référence au géniteur de sa fille qu'elle avait rejeté.
Honoré Désiré Jules HOUEL et Alice de VERCORS s'étaient connus de curieuse façon. Alice et sa mère avaient une maison de campagne à YERRES, elles étaient venues à BRUNOY, tout proche, voir une amie un jour de pluie et avaient oublié un parapluie chez cette dame. Le lendemain Alice, alors âgée de seize ans, revint chez leur amie pour reprendre son parapluie. À son corps défendant elle fut introduite au salon. L'amie y recevait une dame et ses deux filles qu'elle voulait présenter à M. Honoré HOUEL, alors désireux de se marier. Alice n'avait jamais vu ce monsieur et le remarqua à peine.
Quelques jours après, l'amie commune vit revenir Honoré qui avait choisi l'élue de son cœur : "C’est la petite que je veux." Comme les deux sœurs étaient sensiblement de la même taille, cette dame demanda des précisions. Il ne voulait ni l'une ni l'autre des sœurs à marier, mais cette petite jeune fille qui était arrivée après les autres. La dame fut très ennuyée de ce choix, car on ne lui avait rien demandé. Elle craignait d’avoir été indiscrète. Alice, très heureuse avec sa mère ne songeait nullement au mariage. Honoré fut cependant autorisé à lui faire sa cour. Il fut charmant et réussit à se faire aimer d’elle et, bien qu`elle ne le connaisse que par recommandation, elle fit comme les jeunes filles de son entourage, attendit ses dix-sept ans et l'épousa le 18 avril 1870.
En 1876, elle fit faire son portrait au pastel par Mlle REVON, peintre restée inconnue. La date est inscrite derrière ce magnifique tableau où Alice est représentée grandeur nature assise à sa coiffeuse en peignoir vaporeux blanc ornée de rubans bleus. Une partie de ses beaux cheveux longs est encore répandue sur une épaule.
[Tante marraine, (Anne Marie GÉANT, ép. Nicoul) avait hérité de ce tableau qui était dans sa maison de Rennes]. Il est actuellement chez une des filles de Jacqueline ARNOUL ep. CERTES.
Sa mère chérie qui était toute sa famille décéda en mai 1879 à quarante-deux ans. Elle venait de faire faire son portrait également au pastel par cette même artiste et en avait fait cadeau à une amie très chère qui habitait le midi. Grand-mère, après son mariage, apprenant le décès de cette dame, supplia sa fille de lui donner ou de lui vendre, ce qu'elle fit.
Maladie et mort d'Alice à Séville
En 1879, Alice avait, outre ses trois filles Ludmille, Henriette et Renée, deux garçons : Honoré et Christian, âgés de 2 et 3 ans.Exténuée, sans cesse malade, les docteurs constatèrent que la pauvre Alice était tuberculeuse, ou plutôt s'en aperçurent quand le mal était au dernier stade. Comme c'était l'usage, ils conseillèrent l'air de Menton ou mieux, celui de l'Espagne. La malheureuse, enceinte pour la sixième fois, comprit que sa fin était proche puisqu'on lui conseillait l'air du midi et a préféré aller à Séville. Son mari la consola de son mieux et toute la famille, y compris bonnes et enfants prit la route de l'Espagne, où une maison avait été retenue pour eux par le gouverneur de la ville. On imagine ce départ qui comptait outre les parents et les enfants, au moins trois bonnes, un cocher et peut-être un valet. D'innombrables bagages devaient déborder de toutes parts, en plus de l'expédition des malles par chemin de fer ou par bateau.
On était au printemps 1879, la famille s'installa dans une grande villa proche du Guadalquivir que l'on apercevait entre les grenadiers et les orangers. Les enfants, dans l'insouciance de leur âge, étaient ravis d'une telle aubaine. On avait congédié avant le départ l'institutrice anglaise et cette absence de professeur, ce beau jardin, la température idéale en cette saison auraient pu contribuer à faire de ce lieu un paradis, n'eut été la terrible menace de mort de leur chère maman.
Un dernier enfant, Raymond, naquit peu de temps après leur arrivée à Séville. Le bébé était beau, mais sa mère complètement épuisée à vingt-sept ans sans espoir de guérison voyait ses forces décliner malgré la présence quotidienne du docteur militaire Francisco ALFAU (neveu du diplomate Felipe ALFAU, alors gouverneur de Séville). Celui-ci, absolument incapable de guérir ou même de soulager sa malade, se contentait de la regarder baisser de jour en jour tout en bavardant avec M. HOUEL qui se lia d'amitié pour cet homme qui compatissait à ses malheurs. Il l'invita à quelques repas, puis le docteur lui présenta sa tante et sa cousine Alta Gracia âgée de vingt ans.
Alta Gracia était la fille du gouverneur de Séville qui avait invité la reine déchue Isabel II à se réfugier chez lui, où cette princesse continuait à vivre comme à la cour. Alta Gracia se considérait comme son égale et prétendait aux mêmes droits.
Les enfants n’avaient qu'une consigne, ne pas faire de bruit pour ne pas fatiguer leur mère. Les bonnes s'occupaient d'eux fort mal, sans directives. Une fois, le landau qui contenait les deux derniers nés fut laissé sans surveillance. Le petit Christian de deux ans fit basculer la voiture qui fut déséquilibrée, le bébé de 3 mois fut projeté hors du landau et fit une chute mortelle. Pendant ce temps-là, Alice rendait le dernier soupir. On enterra la mère et l'enfant dans le même cercueil. Cette mort que l'on attendait d'un jour à l'autre n'était pas une surprise, mais ce fut un coup de masse pour le pauvre Honoré qui n'était pas de taille à supporter un pareil choc. Après l'enterrement à Séville, il fut incapable de consoler ses enfants, ne pouvant maîtriser son désarroi.
Remariage d'Honoré avec Alta Gracia
Le Dr Francisco ALFAU fut son conseiller et l'aida à mettre de l'ordre dans ses affaires. Il s'aperçut que la fortune de son client était encore considérable malgré le testament de Mme de Vercors qui avait légué sa fortune à ses petits-enfants, sachant sa fille dangereusement malade et son gendre si peu économe.Outre le capital provenant de la vente de la fabrique d'allumettes, M. Houel héritait par sa mère Sophie BOODE, d'une exploitation en Guyane Britannique (un tableau dont nous parlait souvent grand-mère (Henriette Houel) représentait la plantation avec 300 esclaves noirs) dont la vente laisserait de quoi vivre largement.
Lui faire épouser sa cousine malgré la grande différence d'âge (Honoré avait 41 ans et elle 20) ne fut qu'un jeu. Alta Gracia n'avait guère de fortune personnelle, elle fut alléchée par la perspective d'une vie aisée. Elle se fit chatte et conquit sans mal le cœur de cet homme si faible et encore désemparé. Ce mariage comblait ses vœux.
D'autre part, le père d'Honoré (Jules Victor Houel) qui s'inquiétait de la situation de son fils, et de l'avenir de ses petits enfants lui conseilla de donner une seconde mère à ses petits.
Les enfants appréhendaient cette future nouvelle mère ; Alta Gracia ne les attirait guère, elle ne s'intéressait nullement à eux et ils étaient heureux de voir que leur grand-père s’inquiétait pour leur avenir. Henriette qui avait 8 ans nourrissait un grand ressentiment envers cette Espagnole égoïste qui prétendait remplacer sa mère. Sa jolie maman si douce et si attentive, si aimante, si sincèrement croyante et pieuse ! Comment songeait-on à la remplacer ? Depuis que son père connaissait Alta Gracia, lui qui aimait tant ses enfants ne s'occupait plus d'eux, ils le gênaient, c'est à peine s'il les embrassait le soir avant de les coucher.
Le grand-père avait pris des renseignements sur sa future belle fille et craignait sans la connaître qu'elle ne fût pas la seconde maman idéale pour ses petits enfants dont l'éducation était à peine commencée ; d'autre part, il n'avait qu'une confiance très relative en son fils. Il était léger, sa jeunesse dorée en absence de mère, son aisance ne l'avait pas préparé à gagner le pain d'une famille, il ne pensait pas à ces préoccupations vulgaires, apanage du commun.
Alta Gracia et Honoré n'attendirent pas longtemps pour s’épouser. Quelques mois à peine après l'enterrement d’Alice en 1880, leur mariage fut célébré en grande pompe et a grands frais dans la cathédrale de SÉVILLE. On ne pouvait faire les choses à moitié puisqu’une reine assistait à ce mariage. Honoré prit, sans recommandations, une gouvernante allemande pour s’occuper de ses enfants qui devaient rester à Séville pendant leur voyage de noces. Les pauvres petits, dont l'aînée Ludmille, pour raisonnable qu’elle soit, n'avait encore que neuf ans, souffrirent cruellement de l’absence de leur père.
Ils avaient à peine leur subsistance tandis que les bonnes faisaient bombance. La gouvernante, pour la moindre peccadille, les attachait sur leur lit pour les battre. Les parents furent longtemps absents et ne donnèrent de leurs nouvelles que pour enjoindre la gouvernante à fermer la maison et à venir les retrouver avec les enfants en Algérie, à Médéa, où ils venaient d’acheter une exploitation vinicole.
Cette propriété appelée "Belle Fontaine" était une vaste propriété avec une maison solide et élégante avec sa terrasse. La famille HOUEL s’y plut et les enfants étaient heureux surtout de revoir leur père. Seule la Fräulein mettait une ombre sur leur joie avec ses brutalités.
Une petite maladie qui occasionna la visite du docteur mit fin à leurs misères. Découvrant des bleus suspects sur les membres des petits, il en parla à leur père qui ignorait tout. Les enfants apeurés n’osaient dire la vérité de peur de représailles de la part de l’Allemande. Celle-ci interrogée ne put nier plus longtemps l'évidence, Honoré la mit, sur-le-champ, à la porte. La vie fut incroyablement douce pour les enfants dès ce jour, ils jouissaient d’une grande liberté au milieu des indigènes employés à la plantation. Ma grand-mère nous racontait avec délices les couscous qu’elle allait manger à pleines mains sous la tente avec les Arabes.
Les gouvernantes se succédaient tantôt Allemandes tantôt anglaises pour apprendre les deux langues â leurs élèves. Une nouvelle Fräulein se fit remarquer par le côté spectaculaire de son enseignement. Pendant les promenades elle faisait marcher ses élèves au pas de l'oie si bien qu'on les appelait « les petits Prussiens ». C'était une bonne protestante, mais M. HOUEL sachant que ses aînées atteignaient l’âge de faire leur première communion les envoyait le dimanche matin avec leur gouvernante ã la messe. Celle-ci attendait la fin du prêche pour sortir et finissait l’office au temple au grand étonnement du curé qui finit par questionner les enfants, ceux-ci lui répondirent en toute candeur les raisons de leur départ pendant la cérémonie. Pendant ce temps, Honoré avait confié la direction de son entreprise à un gérant qui s'enrichit sur son dos tandis que lui, avec une parfaite insouciance, passait son temps à peindre ou ã faire de la musique.
Alta Gracia régnait sur sa maison en souveraine, ne faisant absolument rien par elle-même. Un mouchoir lui manquait-il, elle sonnait sa bonne pour aller lui chercher dans la pièce qu’elle occupait. Elle se plaignait sans cesse inventant des maladies pour que son mari reste auprès d’elle et la dorlote.
On recevait beaucoup entre colons, les officiers de garnison
cherchaient à se distraire et c’était pour Alta Gracia l’occasion de tenir sa
cour et d'entendre les compliments de ces messieurs sur sa beauté et de rendre
son mari un peu jaloux.
Henriette HOUEL (Portrait au pastel) |
Henriette avait un souvenir inoubliable de ces soirées en toilette et uniformes pimpants où l'on dansait le quadrille des lanciers, la polka ou la mazurka dans une maison de contes de fées tout illuminée et garnie de géraniums rouges. Lorsqu'elle avait quinze ans, une Gitane lui avait fait les lignes de la main et lui avait annoncé qu’elle épouserait un monsieur en noir, qu’elle ne serait jamais riche, mais qu’elle aurait toujours cent sous dans sa poche. Un peu déçue, elle alla trouver son père pour lui faire part de son trouble. Comment, je n'épouserai pas un officier ! Les civils ne lui paraissaient pas dignes de considération bien que son père lui fasse remarquer que lui aussi était un civil. Cela Henriette ne l’avait pas remarqué. Oh, vous, dit-elle, ce n'est pas la même chose.
Alta Gracia eut rapidement trois enfants : Sophie Eulalie en
1881 portait le nom de sa grand-mère paternelle, Isabel en 1885 dont la
marraine était la reine Isabel II et Philippe Jules Désiré en 1885 qui avait
pour parrain son oncle espagnol Felipe. Ils furent tous très gâtés au détriment
des enfants d’Alice, mais Henriette n’était pas jalouse. Elle aimait beaucoup
ses demi-sœurs et s'occupait d’elles en petite maman.
Philippe était dur et exigeant, si sa mère lui résistait il disait : « Quand je serai mort tu mettras mon cercueil sur la place et tu feras une ronde autour ››, phrase qu'il avait dû entendre des indigènes sans bien en comprendre le sens. Par contre, il aimait sa nourrice noire : « Valérie, disait-il, tu es ma négresse et je suis ton petit négro ».
Cependant, malgré ou à cause des institutrices étrangères, le français entendu en « petit nègre ›› par les indigènes était fort négligé. Le grand-père, les parrains et marraines qui recevaient des enfants des lettres déplorables s'en émouvaient et conseillaient fortement ã Honoré de veiller un peu mieux sur l’éducation de ses enfants.
Renée HOUEL (Portrait au Pastel) |
À cette époque, la petite Renée, âgée de onze ans en 1885 [voir portrait au pastel], le joli bébé aux veux bleus dont sa mère était si fière, mourut. Était-elle phtisique comme sa mère, était-ce l’appareil qu’elle portait pour redresser ses dents qui la gênait au point de l’empêcher de manger ? Cette dernière hypothèse avait été retenue, mais prouve à quel point la santé et le bien-être de ces enfants étaient négligés.
Honoré, pour éviter les reproches qui pleuvaient de plus belle sur lui et se rappelant la promesse faite à sa première femme sur son lit de mort confia l’éducation de ses deux filles aux dames du Sacré-Cœur d’Alger et celle de ses fils aux frères des Écoles chrétiennes d’Alger.
Ce fut pour les deux sœurs une cassure radicale avec la famille, elles ne sortaient qu'aux grandes vacances et cependant leurs parents habitaient ALGER pendant la mauvaise saison. Elles ne voyaient leurs frères que pendant le mois d'août, seul mois de vacances à l’époque. Leurs robes étaient devenues trop petites, elles gardaient leur uniforme de pension. Leurs frères revenaient avec des vêtements uses et trop justes, toutes deux raccommodaient et essayaient d'élargir culottes ou vestes mettant à profit les leçons de leur mère qui leur avait appris à tenir une aiguille des leurs quatre ans.
Ludmille HOUEL (Portrait au pastel) |
Le 6 mai 1888, Henriette eut un énorme chagrin, sa sœur Ludmille mourut de phtisie, elle n'avait pas encore ses dix-sept ans. « Je meurs comme maman ››, avait-elle dit sur son lit de mort.
Elle avait manifesté le désir d'entrer en religion et ces
dames lui firent prononcer ses vœux dans ses derniers instants, elle fut
revêtue du costume des religieuses et fut enterrée à Alger avec les
religieuses, son père ne put reprendre son corps. C’est une sainte qui entra au
paradis ce jour-là. Si ma grand-mère était ulcérée par les agissements de sa
belle-mère, Ludmille ne s'en plaignait jamais. Les chagrins avaient forgé son
âme, avoir quelque chose à offrir au Seigneur faisait partie de sa vie de tous
les jours. Même petite, elle avait été raisonnable, sa mère le dit dans son
agenda de 1874. Elle avait alors trois ans.
Ludmille portait le nom de sa marraine, une princesse polonaise, amie chérie de sa grand-mère dont je n’ai pu découvrir l’identité.
(D'après Réminiscences de Jacqueline ARNOUL ep. CERTES)
Les deux frères de ma grand-mère, Honoré Ladislas et Christian furent élevés par les frères des Écoles chrétiennes. Voici quelques informations les concernant ci-après, extraites de Réminiscences.
38-A.3 Honoré Ladislas HOUEL (1873-1901)
Extrait de Réminiscences :Honoré Ladislas sur le conseil de son parrain avait débuté des études de médecine. Il n'avait guère de constance, prétendait être rebuté par ce métier et supplie son parrain de lui trouver un emploi à Paris, car il était trop sensible pour s’occuper de malades. Il avait beau signer les lettres Ladislas, son deuxième prénom pour faire plaisir à son parrain dont c'était le nom, rien n'y a fait, le parrain refusait de lui voir occuper une place de « calicot » comme il le lui avait dit. En 1901, il n'en pouvait plus, son père avait de gros problèmes d'argent, c'était à lui de l’aider. On demandait des volontaires pour la Chine, il s’engagea. Les incidents ne manquaient pas avec les indigènes qui supportaient difficilement les ports européens sur les côtes et voyaient avec amertume l'hémorragie de leurs richesses payées en monnaie de singe.
Voici donc Honoré Ladislas embarqué. Quand il arriva en vue des côtes chinoises, la mer était déchaînée. Sur le bateau, les passagers terrifiés se cramponnaient aux bastingages. Plusieurs personnes furent emportées par des paquets de mer. Ladislas sauta dans l’eau avec les marins pour sauver ces pauvres gens. Il en sauva personnellement six. Restait une femme qui se débattait avec les éléments, les marins épuisés renonçaient à la sauver. Ladislas, n’écoutant que son courage, retourna seul à la mer, mais ne put rien pour elle, il coula à son tour. Il avait vingt-deux ans.
Une dame, Mme Anginieur, témoin sur le bateau de cet acte de courage était venue rue Bouchut, raconter à ma grand-mère la fin tragique et héroïque de son frère, lui disant que, grâce à lui son mari avait été sauvé. La pauvre Henriette comptait donc un mort de plus dans sa famille, elle en fut bouleversée et la vision de son frère mort dévoré par les crabes au fond d’une mer lointaine, la poursuivit longtemps, elle ne voulut jamais manger de crustacés qui évoquaient en elle cette vision.
(D'après Réminiscences de Jacqueline ARNOUL ep. CERTES)
38-A.5 Christian HOUEL (1878-1959)
Après une union avec une femme décédée à Marseille le 2 décembre 1918, dont il eut un fils mort jeune, et une fille prénommée Ludmille, mariée à Prosper FERRIEU ; celle-ci a eu 2 filles Jacqueline et Berthe (Mme Médard).Il épousa ensuite à Casablanca le 29 Janvier 1941 Joséphine Bontemps avec laquelle il vivait depuis 20 ans.
Après la mort de celle-ci le 16 Juin 1941, il épouse le 24 novembre 1945 sa sœur Marie-Claudine BONTEMPS (décédée à Londres, en 1963).
Il est décédé en 1959 à la clinique Foch de Casablanca alors qu'il habitait dans cette ville, au 15 rue de l'amiral Courbet.
(Source : Serge Rousseau et Alain Warmé)
Il était journaliste. Auteur de nombreux articles sur le débarquement de l'armée française au Maroc.
Il a publié "Mes aventures marocaines"
(Éditions Maroc Demain, Casablance 1954, 279 pages, dont je possède l'exemplaire n° 280 (Jean-Paul Arnoul)
Extrait de Réminiscences :
Intelligent et fantasque comme son père, doué pour la littérature et la langue bien pendue, Christian HOUEL fit carrière dans le journalisme.
Quand il eut fini ses études, il trouva une place de reporter au journal Le Matin, puis entraîné, il se mit à faire de la politique prenant la défense du bey contre le gouvernement français, ce qui lui valut quelques ennuis et la perte de sa place. Il fonda un journal qu'il imprimait lui-même. Le journal fut saisi plusieurs fois. Un jour, l’affaire étant sérieuse, la police vint l’arrêter. Prévenu à temps, il prit la fuite. Il connaissait parfaitement l’arabe et portant turban et djellaba, monté sur un chameau, on pouvait s'y méprendre.
Pour plus de sûreté, il gagna la campagne et, par le chemin des écoliers il vint au palais rendre visite à son ami le Bey Moulay Hafid. Celui-ci le reçut à bras ouverts, lui disant : « Tu es mon ami, prends ce que tu veux, je te le donne, tout ce qui est à moi est à toi. » Il lui avait même proposé une femme de son harem. C'était beaucoup et Christian craignant une feinte, restait sur ses gardes. Dans un couloir, il crut être poursuivi par un arabe, paniqué, il courut et perdit une babouche, incident qui le trahit. Jamais un Arabe ne perd une babouche ! Arrêté, traîné devant le Bey qui fut très sévère en paroles, Christian, croyant sa dernière heure arrivée, se trouva sans arguments. Empoigné par deux gardes, il fut jeté en prison.
Dans la nuit, il trouva la porte de sa geôle ouverte, intrigué, il sortit, pas un garde n'était en vue, il ouvrit successivement plusieurs portes, jusqu’à la sortie, rien n'était verrouillé et personne apparemment ne gardait cette partie du palais certainement sur ordre du Bey qui ne voulait pas dévoiler les raisons de la visite de son ami et tenait à protéger celui-ci. Il écrivit un livre pour raconter quelques-unes de ses mésaventures, mais on n'y trouve aucune mention de relations familiales.
(Il s’agit de « Mes aventures marocaines », aux éditions Maroc-Demain, Casablanca, imprimé en 1954, dont je possède un exemplaire)
Un jour, après la mort de grand-mère, il vint à Bures pour demander pardon à sa sœur. Il lui avait plusieurs fois emprunté de l’argent, grand-père avait payé, mais n’ayant jamais été remboursé, il lui avait fermé sa porte au nez. Christian n’avait pas su la mort de sa sœur, il en eut l’air sincèrement peiné bien qu’il l’ait laissée sans nouvelles depuis quarante ans.
Une autre visite qu’il fit à Bures quelque dix ans après, lui apprit le décès de son beau-frère. Il avait amené avec lui son fils Jean, vingt-quatre ans, metteur en scène de music-hall et nous parla de Jacques, son deuxième fils. Leur mère Ludmilla était morte. Sa deuxième femme, divorcée d'un Anglais vint également nous rendre visite à Bures en 1960 après la mort de Christian, elle ne savait que faire. Nous lui avons vivement conseillé de retourner en Angleterre où elle avait une sœur, craignant qu'elle ne s’incruste à la maison sous le prétexte de parenté.
(D'après Réminiscences de Jacqueline ARNOUL ep. CERTES)
Son fils aîné Jean, né à Oran en 1921 marié une première fois avec Rachel ARTHUS, était organisateur de spectacles à Casablanca, puis après s'être remarié avec Janine BAUDOU, il fut aubergiste en Saône et Loire, à l'Auberge "Le Donzy" 71128 DONZY LE NATIONAL.
Son frère Jacques, né à Oran en 1924, après s'être marié à Casablanca en 1949 avec Carmen ONCINA avec qui il eut 4 enfants, émigra aux USA et s'établit dans le Michigan avec sa famille où leurs 4 enfants se marièrent.
Dans de prochains articles, je vous raconterai l'histoire des ascendants de Sophie BOODE, issue d'une famille très riche, puis plus en détail l'histoire du couple Henriette HOUEL et André GÉANT, mes grands-parents.
À suivre...
Jean-Paul Arnoul