vendredi 21 juin 2019

2 - Famille ARNOUL : Jean ARNOUL (1716 +1806)

La famille Arnoul

Mise à jour août 2021
Je ne vais pas ici retracer toute l’histoire de la famille ARNOUL, ce qui a déjà été fait avec talent dans l’ouvrage « Réminiscences » de ma tante Jacqueline Arnoul, épouse Certes, qui a elle-même repris le récit biographique de Justin Bellanger pour la période des 18e et 19e siècles. Jacqueline Arnoul et Simone Housseau, sa belle-sœur, ont été les premières à faire des recherches dans les archives pour compléter les données de Justin Bellanger. Je vais juste donner ici quelques repères généalogiques, afin de rappeler le contexte familial.

Jean ARNOUL (°1716 +1806)


Je vous propose aujourd'hui de nous intéresser à Jean ARNOUL (Sosa 128), né en 1716, et qui fut blessé en 1745 à la bataille de Fontenoy dans les Pays-Bas autrichiens lors de la guerre de succession d’Autriche. Cette blessure lui a valu l’attribution par le roi Louis XV d’une charge de Maître de Poste aux chevaux à Provins sur la route de Champagne. Cette charge étant héréditaire, elle fut transmise à ses enfants. Nous parlerons plus tard des maîtres de poste aux Chevaux dans un article dédié.


 Portrait de Jean Arnoul °1716 + 1806

Portrait photographié par Simone ARNOUL chez Mme Henriette ROLLAND, petite fille de Charles ARNOUL, au Cabellou, à Concarneau. Mme Rolland est décédée en 1993.

Recherches sur Jean ARNOUL

L’objectif est ici de vous donner un aperçu de la démarche de recherches généalogiques, sur un exemple précis.

La première partie de l’ouvrage « Réminiscences » de ma tante Jaqueline ARNOUL (1918+2007) rassemble les données généalogiques qu’elle a pu collecter avec sa belle-sœur Simone Housseau (1925+1988), et plusieurs arbres généalogiques de la famille y sont représentés. Cependant, je n’ai pas eu accès à l’ensemble des archives qu’elle a utilisées pour la rédaction de cet ouvrage, dont voici quelques extraits auxquels on va s’intéresser aujourd’hui :

Le premier des ARNOUL que l'on puisse identifier avec certitude fut Jean ARNOUL, qu'une tradition orale disait né à Grandpuits en 1716.
En 1732 et en 1733, on voit la signature de Jean ARNOUL, l'une comme témoin à un mariage, l'autre comme parrain à la mairie de GRANDPUITS (localité proche de NANGIS) où l'existence d'un état civil remonte à 1693. Sa date de naissance nous est donnée par l'enregistrement de son mariage le 4 juillet 1760 à Paris en la paroisse de Saint‑Gervais avec Marie Luce PERNET (1740‑1834) de vingt-quatre ans sa cadette.

Et un peu plus loin :

Une première union avec Berthe LEGUAY le laissa veuf à quarante‑deux ans. Une deuxième union avec Marie‑Luce PERNET (fille de Jean et Élisabeth MAUCLAIRE, elle-même née vers 1700, décédée le 17 juin 1779). Il l'épousa dotée de 3.000 francs. II possédait du mobilier, de l'argenterie, la maison de la rue aux Aulx à Provins, la maison de la poste pour 21.000 francs, la ferme de la Ville‑Haute estimée 38.000 francs sur un rendement de quatre cents boisseaux de blé, un pré 23.000 francs, etc., divers lots de terre, des créances, des fermages, des assignats. De son second mariage avec Marie Luce PERNET, Jean ARNOUL eut quatorze enfants dont huit vécurent.

J’ai donc essayé de retrouver des traces dans les archives pour vérifier ces informations, et notamment l’acte de mariage du 4 juillet 1760 à Paris. Et c’est là où les difficultés commencèrent…



Descendants d’Étienne ARNOUL – extrait de « Réminiscences » page 6


Les archives de la ville de Paris

Exemple d’acte de mariage reconstitué de
Albert Arnoul et Sophie Pailleux le 13 février 1840.


L'état civil de Paris et plus généralement l'ensemble des Archives de Paris ont été profondément marqués par la destruction presque totale, lors des incendies de mai 1871 pendant la Commune de Paris, par les Communards, des registres paroissiaux du XVIe siècle à 1792 et des registres d'état civil de 1793 à 1859. Cette perte irréparable rend souvent difficile et lacunaire la recherche historique et généalogique à Paris. Depuis, l'état civil parisien antérieur à 1860 a été reconstitué, en partie seulement. Sur les 8 millions d’actes perdus, seul un tiers a en effet été rétabli. Et encore, les actes reconstitués sont très laconiques, sans aucun détail sur les parents ni les dates de naissance et professions des mariés. C’est très pauvre pour le généalogiste.

Évidemment, l’acte de mariage de Jean ARNOUL, le 4 juillet 1760 à Paris est introuvable, même reconstitué…

Histoire d’une fausse piste

Heureusement, il y a parfois d’autres sources d’informations dans les archives, mais cependant pas toujours très fiables comme nous le verrons. Par exemple ce Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de l'Arrondissement de Provins (BSHAAP, Provins et sa région, n°148, 1994) et cet article sur « La poste aux chevaux à Provins » dont un extrait ci-dessous :

Pendant un siècle, une grande famille provinoise exerça la fonction de maître de poste, les Arnoul. Famille très ancienne, puisque leur nom figure dès le XVIe siècle dans les registres des paroisses de Saint-Ayoul et de Sainte-Croix. Jean Arnoul, baptisé dans cette dernière église le 25 novembre 1711, fut le premier maître de poste de cette famille. Son père, Nicolas Arnoul, époux de Marie Grosbois, était « ouvrier en laine ». Un premier mariage avait uni Jean Arnoul à Barbe Legros, veuve d'Antoine Deslions, de son vivant maître de poste à Chailly-en-Bière (Arch. municip. de Chailly-en-Bière). Ayant reçu son brevet de maître de poste le 20 avril 1760, Jean Arnoul se remariait le 4 juillet suivant. Une mention marginale portée sur les registres de la paroisse Saint-Ayoul, où se trouvait le relais de poste, indique que « Jean Arnoul, maître de poste, et Marie-Luce Pernet ont été mariés à la paroisse Saint-Gervais de la ville et diocèse de Paris ». Indication précieuse et surtout peu commune à cette époque. Ce fait prouve la notoriété du maître de poste, qualifié, quelques années plus tard, d'ancien « marguillier de la paroisse ».

Ce texte est assez surprenant, par les différences avec ce qu’on pensait déjà savoir, et tout cela mérite vérification :

  •      Déjà la date du baptême en 1711, n’est pas cohérente s’il est né en 1716. Or, j’ai lu quelque part, mais je ne sais plus où, qu’il aurait été baptisé à 23 mois le 25/11/1717 et non pas 1711 comme dans le texte. Un baptême tardif comme cela est inhabituel à cette époque, mais on dit qu’il est né à Grandpuits, et baptisé à Provins. Je ne suis pas le premier à avoir recherché cet acte dans les archives de Seine-et-Marne et je n’ai rien trouvé à Provins sur les paroisses de Sainte-Croix et Saint-Ayoul, ni sur les paroisses de Grandpuits et de Saint-Hilliers.  Il faut dire que les registres à cette époque sont difficilement lisibles et qu’il est facile de passer à côté en les feuilletant virtuellement à la souris. Malgré tout, cette information met sa date de naissance en janvier 1716, ce qui est cohérent avec l’âge de sa mort à 90 ans le 26 janvier 1806, notée dans son acte de décès à Provins. Cet acte précise aussi qu’il est né à Grandpuits et que les témoins sont son fils Nicolas Victor, 42 ans, maître de poste aux chevaux et Louis, 38 ans, marchand tanneur à Provins.

Acte de décès de Jean ARNOUL, le 26 janvier 1806 à Provins

  •         D’autre part, pour les noms de ses parents qui seraient Nicolas ARNOUL, ouvrier en laine et Marie GROSBOIS dans l’article, l’acte de décès ne donne aucune indication à ce sujet, et comme on n’a ni l’acte de mariage à Paris avec Marie Luce PERNET, ni même sa transcription à la paroisse de Saint-Ayoul dont il est fait état, ni l’acte de baptême à Sainte-Croix qui aurait pu nous informer, il faut donc chercher ailleurs pour avoir confirmation.
  •         Enfin son premier mariage qu’il aurait contracté avec Barbe LEGROS, veuve DESLIONS à Chailly en Bière, et non pas Berthe LEGAY interpelle.  J’ai alors recherché cet acte sur la paroisse de Chailly-en-Bière, et là, bingo. Cet acte du 18 septembre 1753 nous donne la confirmation qu’il est bien le fils d’Étienne ARNOUL et de Geneviève BOURON et qu’il s’est bien marié une première fois avec Barbe LEGROS, veuve d’Antoine DESLIONS et qui avait déjà 48 ans à la date du mariage. Antoine DESLIONS était lui-même maître de poste aux chevaux à Chailly-en-Bière, et on peut imaginer facilement qu’il y avait des intérêts financiers à ce mariage.
  •         Dernier point de vocabulaire : un « marguillier » est un Membre du « conseil de fabrique » chargé d'administrer les biens d'une paroisse, sous l'Ancien Régime et sous le Concordat.

Ces différentes erreurs peuvent s’expliquer par la difficulté à lire les actes de cette époque ou par des erreurs de transcription. Ainsi 1717 peut très bien passer pour 1711, et même Barbe Legros pour Berthe Leguay, d’autant qu’il y a déjà des Leguay dans l’environnement familial. Pourtant, Barbe Legros est bien lisible dans l'acte ci-dessous :



Acte de mariage de Jean ARNOUL et Barbe LEGROS, le 18 septembre 1753


Il eut de son second mariage avec Marie Luce Pernet, 14 enfants, dont 7 vécurent. Dans d’autres articles qui suivront, nous pourrons parler de tous ces descendants.

A suivre article 6 - Famille ARNOUL : Maîtres de poste aux chevaux (1/3)

Jean-Paul Arnoul


5 commentaires:

  1. Bravo JPaul pour tes recherches

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quand on n'est pas connecté avec un compte Google, le commentaire est anonyme, ce qui est dommage...

      Supprimer
  2. Bravo & Merci pour ce partage Jean-Paul.

    RépondreSupprimer
  3. Je suis excité comme un accarien au salon de la moquette en lisant tes articles ! C'est juste FORMIDABLE !!!!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de tes encouragements, mais il va falloir être patient si tu ne t'intéresses qu'au nom ARNOUL, car je vais aborder successivement les autres branches de ma généalogie, soit Alibert, Emaille, Péan avant de revenir sur les ARNOUL, GEANT, HOUEL etc. On se voit demain pour en parler ?

      Supprimer