Une fois de plus, mes publications sur Généanet m'ont permis de faire une nouvelle rencontre généalogique, en la personne de Pierre Goirand, qui m'a adressé ce petit mot via la messagerie de Généanet fin décembre :
Ce fut le départ d'une nouvelle collaboration sur une branche de la famille Houel que je n'avais pas vraiment explorée. Cette collaboration nous a fait voyager depuis Saint Domingue, en passant par l'Espagne à Séville, en Algérie à Médéa, au Maroc à Casablanca et même aux Etats Unis.
Ces échanges m'ont aussi permis de corriger une erreur concernant l'identité du Docteur Alfau, cité dans l'ouvrage de ma tante Jacqueline Certes, qui a soigné Alice Houel à Séville avant sa mort, et que j'ai repris dans mon article n° 16 sur les ascendants Houel, Voir le récit de cette enquête à la fin de l'article.
La famille Goirand
Nos premiers échanges ont permis d'ajouter une branche descendante de la famille Houel qui m'était inconnue du fait de la liaison illégitime entre Philippe Houel et l'avocate Lina Simone Dreyfus, et qui de ce fait n'était pas tracée dans l'état civil.
Honoré Désiré Jules HOUEL, père de Philippe |
Honoré Désiré Jules Houel a eu 5 enfants de son mariage avec Alice Marignat, soit Ludmille (née en 1871), Henriette (mon arrière-grand-mère, Sosa N° 19, née à Marseille en 1872, Renée (née en 1874), Honoré Ladislas (né en 1877) et Christian (né en 1878 à Paris). Alice est décédée de la tuberculose en 1880 à Séville après avoir été soignée par le Docteur Alfau.
De la liaison de Philippe Houel avec Simonne Dreyfus, naquit en 1922 Christiane, née Weil, car sa mère était encore mariée avec Raymond Weil, et Philippe de son côté toujours marié avec Paule Marie Bouvier de la Motte qui lui avait déjà donné trois enfants (Honoré en 1912, Guy en 1914 et Suzanne en 1916).
Philippe Houel avait été nommé chef des services administratifs du Secrétariat général de Safi au Maroc et il est resté dans l’administration du protectorat toute sa vie se déplaçant de ville en ville. Après leurs divorces respectifs, le couple a fini par se marier en 1926 à Casablanca.
Raymond Weil n’avait plus aucune relation avec Simone depuis sa liaison avec Philippe Houel. Ce dernier qui a élevé Christiane après son mariage avec Simone, ne l’a pas officiellement reconnue. Il est malgré tout est déclaré comme parrain de Christiane sur son certificat de baptême intervenu en 1928, soit six ans après sa naissance, et deux ans après leur mariage.
Groupe à Casablanca (1907) |
La famille Houel était assez connue au Maroc à cette époque. Le demi-frère de Philippe, Christian Houel travaillait comme correspondant du journal "Le Matin" à Casablanca (voir photo ci-dessus). Il est l'auteur du livre « Mes aventures marocaines », où il raconte ses mémoires passionnantes sur la conquête du Maroc par Lyautey où il voyageait du coté des Marocains lui même déguisé en Arabe. Il a réussi à se faire expulser 3 fois du Maroc par les Français. Un tempérament audacieux à l’opposé de Philippe, notable plus conservateur, dont le seul trait original qui ait été rapporté concernait son goût pour la photographie et sa passion pour la musique. Il était parait-il un assez bon violoniste et invitait les stars de la musique classique en visite au Maroc à se produire dans son salon, parfois avec lui.
Simone qui a divorcé de Philippe Houel en 1949 a toutefois conservé le nom Houel dans sa vie professionnelle. C'était un personnage relativement important sur la scène marocaine, la première avocate femme au Maroc, décorée par Mohammed V, roi du Maroc, qui l'a nommée à la cour de justice du Maroc après l'indépendance en 1956. Elle est décédée 14 janvier 1990 à Paris 7eme et Philippe Houel décédé le 28 juillet 1972 à Paris.
Mohammed V (roi du Maroc) et l'avocate Simone Houel |
Christiane Weil a épousé en juin 1956 René Jean Lazare Goirand, avec qui elle a eu 2 enfants, Pierre et Marie Agnès. Elle est décédée le 11 septembre 2020.
La famille Alfau
Pierre Goirand et son cousin Alain Houel (fils de Guy) ont été en relation avec une généalogiste de la famille Alfau nommée Rosalinda Alfau Ascuasiati, et les informations partagées ont été rassemblées dans une notice en espagnol dont je vous propose ci-après la traduction.
Une remarque pour les généalogistes peu au fait des usages en Espagne à propos des noms propres et utilisés dans ce texte : Les hommes comme les femme portent systématiquement le nom de leur père suivi du nom de jeune fille de leur mère, ce qui est bien pratique pour les généalogistes, car cela facilite le suivi de la lignée ascendante cognatique (par les femmes).
Une branche française inconnue de la famille Alfau
De son union
avec María Josefa Baralt Galván, Felipe Alfau Bustamante a eu
deux enfants : Antonio Abad, né le 28 septembre 1847 dans la ville de
Saint-Domingue et décédé le 29 janvier 1919 à New York, aux États-Unis, et Altagracia
Alfau Baralt.
Les descendants d'Antonio
Abad Alfau Baralt sont bien connus : de son mariage avec sa parente Eugenia
Galván Velásquez, fille de Manuel de Jesús Galván et Francisca
Velásquez, sont nés Alfonso, Rafael, José, María, Felipe, Jesusa et Moncita
Alfau Galván, qui ont vécu aux États-Unis. Mais Altagracia Alfau Baralt
n'était connue que pour sa naissance, qui a eu lieu dans la ville de
Saint-Domingue en 1851. Et ce, jusqu'à la fin de l'année 2006, où nous avons pu
entrer en contact, par le biais de la messagerie électronique de l'Institut
dominicain de généalogie, avec deux de ses descendants, les cousins germains Pierre
Goirand, résidant à Paris, France, et Alain
Houel, qui ont apporté
leur contribution à une filiation jusqu'alors inconnue.
Résidant à
Séville, Altagracia épouse le citoyen français Honoré Houel en
1881, puis s'installe dans la ville de Médéa, en Algérie, où son nés trois
enfants : Sophie en 1881, (décédée à Casablanca, Maroc, en 1936), qui a
épousé Herbert Allcard à Médéa, Algérie ; Isabelle (née en 1883, décédée à Paris en 1976) qui a épousé Guy Crotti-Derossi di Castiglione qui mourut la même année de leur
mariage, en 1914 dans la bataille de Charleroi, et Philippe Houel (né en 1885, décédé à Paris en 1972), époux de Paule Bouvier de la Motte, qu'il épousa en 1911, puis de
Sophie Houel
Alfau et Herbert Allcard ont eu trois enfants, Marie-Louise, Robert (dit Robie) et Herbert (dit Bertie) Allcard Houel. Herbert Allcard père est mort au combat le 13
novembre 1914 dans la ville marocaine d'El-Herri près de Kénifra, pendant la
guerre de pacification dans ce pays.
Isabelle Houel
Alfau était la mère de Guy Crotti Houel, né à Médéa, Algérie, tandis que Phillipe
Houel Alfau était le père de Guy Houel (Médéa, Algérie, 1914-Toulon,
France, 2002) et de Christiane Goirand, les parents respectifs de nos
informateurs.
Honoré Houel est mort en
1911 à Médéa, en Algérie, tandis qu'Altagracia Alfau Baralt est morte à
Rabat, au Maroc, en 1939, après avoir vécu le reste de sa vie dans la ville de
Médéa.
Ces données,
bien que succinctes, s'avèrent être un filon généalogique inestimable, car
elles ont permis de rattacher une lignée familiale totalement inconnue à
l'arbre d'une famille aussi distinguée.
Bibliographie :
Données fournies par Pierre Goirand et Alain Houel, rédaction de Rosalinda Alfau Ascuasiati,
Enquête sur l'identité du médecin militaire ALFAU
Voici le paragraphe "Maladie et mort d'Alice à Séville" où elle écrit :
On était au printemps 1879, la famille s'installa dans une grande villa proche du Guadalquivir que l'on apercevait entre les grenadiers et les orangers.
Un dernier enfant, Raymond, naquit peu de temps après leur arrivée à Séville. Le bébé était beau, mais sa mère complètement épuisée à vingt-sept ans sans espoir de guérison voyait ses forces décliner malgré la présence quotidienne du docteur militaire Felipe ALFAU. Celui-ci, absolument incapable de guérir ou même de soulager sa malade, se contentait de la regarder baisser de jour en jour tout en bavardant avec M. HOUEL qui se lia d'amitié pour cet homme qui compatissait à ses malheurs. Il l'invita à quelques repas, puis le docteur lui présenta sa mère et sa sœur Altagracia âgée de vingt ans.
Ils étaient tous deux les enfants du gouverneur de Séville qui avait invité la reine déchue Isabel II à se réfugier chez lui, où cette princesse continuait à vivre comme à la cour. Alta Gracia se considérait comme son égale et prétendait aux mêmes droits.
Le Dr ALFAU fut son conseiller et l'aida à mettre de l'ordre dans ses affaires. Il s'aperçut que la fortune de son client était encore considérable malgré le testament de Mme de Vercors qui avait légué sa fortune à ses petits-enfants, sachant sa fille dangereusement malade et son gendre si peu économe.
A la lecture de ce texte, et connaissant mieux que moi la famille Alfau, Rosalinda a remarqué qu'il devait y avoir une erreur sur la personne du Docteur Alfau, le prénom Felipe étant celui du père d'Alta Gracia, le gouverneur Felipe Benico Alfau y Bustamente. J'ai donc pensé que le Docteur Alfau pouvait être le frère d'Alta Gracia, nommé Antonio Abad Alfau y Baralt.
Or, voici ce qu'on sait de lui, renseignements fournis par Rosalinda. Ce certificat de baptême nous renseigne sur son identité :
Le docteur Alfau qui a soigné Alice Houel était donc Francisco Javier Alfau Abréu, fils de Antonio Abad Alfau Bustamante et de Ana Sixta Abréu Romero. C'était le cousin d'Antonio Abad et d'Altagracia Alfau Baralt, et non pas son frère.
Corrections effectuées dans mon article N°16.
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Tous mes remerciements à Pierre Goirand et Rosalinda Alfau Ascuasiati pour les informations qu'ils ont bien voulu partager avec moi et que j'ai rassemblées dans cet article.